La greffe hépatique, ultime chance de guérison d'une cirrhose au stade avancé, n'est plus pratiquée en Algérie depuis une année, ont révélé, hier, lors d'une conférence-débat animée au Forum d'El Moudjahid, deux spécialistes de l'hépatite B et C, le Pr Debzi du CHU Mustapha et le Pr Berkane de l'hôpital de Bologhine. “Théoriquement, il existe un programme national de greffe hépatique à partir de donneurs vivants. Mais il est gelé depuis une année à cause de problèmes logistiques”, rapporte le Pr Debzi. Il précise que l'indisponibilité d'un échodoppler rend impossible l'opération. “Nous nous attendons à ce que les contraintes administratives soient levées en 2012. Le programme reprendra alors”, dit-il, indiquant que 33 greffes de cette nature ont été réalisées dans notre pays. “Le donneur vivant n'est pas toujours la solution. C'est une action lourde et pour la famille et pour l'équipe technique. L'idéal est de prélever l'organe sur un cadavre. Pour ça, nous sommes confrontés à un problème organisationnel”, complète le praticien. Pour éviter la survenue de maladies aussi graves que la cirrhose ou le cancer du foie, les invités du Forum d'El Moudjahid insistent sur la bonne prise en charge de l'hépatite B et C dont les deux pathologies susmentionnées sont des formes de complication. Dans le programme élargi de vaccination, le vaccin contre l'hépatite C existe depuis assez longtemps. Celui contre l'hépatite B a été introduit en 2003. Ce qui a incité les deux professeurs à plaider pour la mise en œuvre d'un programme de rattrapage en faveur des enfants nés avant cette année-là. “C'est réalisable. C'est juste une question de volonté politique”, a assuré le Pr Berkane. La vaccination demeure le meilleur moyen de lutte contre la maladie, souvent fatale pour les enfants. D'autant qu'il n'existe, dans le pays, aucune mesure de prévention, de l'avis des deux animateurs de la conférence d'hier. “Si l'hépatite B guérit dans 95% des cas chez l'adulte, elle se complique dans 95% chez l'enfant”, notent les conférenciers. Les personnes, contaminées par le virus de l'hépatite B ou C (les plus graves), doivent être soumises à un schéma thérapeutique sérieux. “Le traitement est certes gratuit, mais nous restons dans une logique de quantité et non pas de qualité”, regrette le Pr Debzi. Le traitement classique (bithérapie) coûte 2,5 millions de dinars par patient. Il se trouve, toutefois, qu'uniquement 40 à 50% de patients répondent correctement à ce traitement. “Ce qui revient à dire qu'un malade sur deux ne guérit pas avec la bithérapie et qu'il faut mettre sous trithérapie”, explique le Pr Berkane. Deux nouvelles molécules, qui améliorent la thérapeutique, ont reçu, en 2011, l'autorisation de mise sur le marché. Elles augmentent toutefois de 100% le coût du traitement qui revient alors à 5 millions de dinars par patient. Au mois de mars prochain, les experts nationaux de l'hépatite se réuniront, sous l'égide du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, pour examiner les recommandations internationales en matière de prise en charge de cette maladie. La nécessité de création d'au moins 20 centres de référence à l'échelle nationale sera alors mise en avant. N H.