À l'instar des autres régions du pays, et depuis quelques jours déjà, Mostaganem s'est mise à l'heure de Yennayer. Au niveau de tous les marchés couverts et fixes ou à ciel ouvert et itinérants, dans tous les souks hebdomadaires, en ville et dans les bourgades, les marchands et les vendeurs ambulants et même à la sauvette ont momentanément changé de spécialité commerciale. La frénésie est à son comble. Selon les convictions des uns et des autres, la coutume est fêtée avec un éclat particulier, et dont nombre de “fkih” autoproclamés ou improvisés oublient qu'elle fut l'une des plus efficaces armes ayant inhibé l'assimilation de la culture nationale par l'invasion étrangère. Alors que pour les uns, cette fête consiste en un simple changement du menu du jour, le temps d'une soirée réunissant joyeusement la famille, pour d'autres familles, c'est d'un imposant rituel qu'il s'agit. Mais pour les commerçants et les opportunistes l'événement demeure l'aubaine la plus festive. Les noix proposées à 1000 et 1200 DA/kg parce qu'elles proviennent de Californie, les noisettes à 800 DA le kilo, les amandes entre 700 et 900 DA/kg, les pistaches qui dépassent 1000 DA/kg, les cacahuètes à 350 DA/kg, les figues séchées qui dépassent 400 DA/kg, les bananes à 150 DA/kg, les pommes à 200 DA/kg, ou les mandarines à 150 DA/kg, c'est là un large aperçu des tarifs affichés là où vous passez ! Pour ce Yennayer de l'an 2962, l'occasion est offerte aux marchands, surtout véreux, de se frotter une nouvelle fois les mains. Quant aux clients, les marchés ne désemplissent pas et on a du mal à se frayer un chemin parmi les étals. Cela est également perceptible à travers les souks hebdomadaires durant cette dernière semaine. La “température” de la mercuriale de tous ces produits tant prisés pour la célébration de cette fête ancestrale révèle que les prix ne cessent de battre les records. Sans le moindre scrupule, on augmente davantage, sans souci à l'égard d'un client se plaignant de l'érosion de son pouvoir d'achat, mais tout aussi frénétique dans sa course vers les étals. Bon gré, mal gré, à l'instar d'autrui, chaque père de famille succombe à la tentation en osant des achats selon son portefeuille. La demande évoluait crescendo jusqu'à la veille du jour J. Par leurs prix relativement plus bas, les produits locaux paraissent plus abordables pour les petites bourses. Compte tenu de leur dénuement, on tente de les appâter par des “mélanges” proposés entre 600 et 800 DA/colis. Sans pitié ni générosité, la mercuriale des fruits, locaux ou exotiques, inscrits sur la liste de Yennayer, ne s'est guère empêchée de s'emballer ces derniers jours. L'avènement du nouvel an donne lieu à une ambiance particulière, empreinte de ferveur, de joie et de communion. Les cérémonies de la fête consistent surtout à préparer et consommer un repas copieux, à base de blé, de semoule et de viande blanche. Le temps d'une soirée, les meïdas sont garnies d'une floraison de friandises, ainsi que des amuse-gueules de toutes les couleurs, avec des mets inhabituels, tels les crêpes et les beignets, accompagnés d'une collation à base de thé. M. O. T.