Les étals des marchés Amar-El-Kama et Bouzrina (Basse Casbah) se sont mis au parfum de Yennayer 2961, la nouvelle année amazighe. Plusieurs vendeurs proposaient hier le « treize », le fameux assortiment de friandises et de fruits secs. Il est proposé à 400 dinars le kilo. Côté pâtes, les marchands proposent la rechta à 80 dinars le kg, la chekhchoukha en feuilles à 150 dinars sans oublier le couscous à 100 dinars le kg, préparés spécialement pour célébrer cette fête. Au marché Nelson à Bab El Oued, une dame qui vend le makrout et les différentes pâtes fait maison est submergée par les commandes. Et pour cause, cette mère de famille est connue pour son sérieux. Alors beaucoup de ses clientes la sollicitent très tôt le matin. Sur son étal, on trouve également des assiettes jetables de gâteau griwech et des montécaos fait maison. Il arrive souvent que son étal soit vidé bien avant 12 heures. Le bouche-à-oreille est à l'origine de son succès. Pour Rabéa Nedjari, native de Tipasa, spécialisée dans l'art culinaire de la région Chenoua, Yennayer est fêté, dans cette localité, d'une manière traditionnelle. Les familles confectionnent un plat comportant 12 sortes d'herbes qu'elles doivent cuire à la vapeur. Ces herbes sont cueillies dans la forêt. Même les ingrédients du dessert doivent être ramassés dans la forêt. Il s'agit de glands, de châtaignes, d'arbouse et de myrtilles avec les incontournables fruits secs (amandes, noisettes...) et fruits séchés comme les raisins secs. Elle explique que le calendrier de Yennayer qui coïncide avec le 12 janvier est basé sur les saisons agricoles. A Chenoua, les familles, comme le veut la tradition, accueillent le premier jour de cette fête avec un repas copieux pour espérer une année prospère à tout point de vue. Mais le clou de cette célébration est le cœur de palmier. Celui-ci doit provenir d'un palmier nain (Iguenadh) symbole de Yennayer qui annonce une année fertile et prospère et beaucoup de bonheur à condition de le garder une année durant. « Pour les jeunes célibataires, le cœur de palmier constitue un prélude au mariage et pour ceux qui ont une activité professionnelle, une année prospère », indique Mme Nedjari. Pour Abdellah Bendaoud, juriste et responsable au niveau de l'office de gestion et d'exploitation des biens culturels protégés et du patrimoine culturel immatériel de Tipasa, « Yennayer annonce le début de l'hiver et se rapporte à une période agraire bien particulière. L'accueillir avec un bon repas signifie une demande de la clémence du ciel. »