Le roi Abdallah d'Arabie Saoudite a limogé vendredi le chef de la puissante police religieuse chargée de veiller à la stricte application des lois islamiques et l'a remplacé par un dignitaire religieux plus modéré. Selon l'agence de presse officielle saoudienne SPA, le souverain a remplacé cheikh Abdel Aziz El-Houmayen par cheikh Abdel Latif Ben Abdel Aziz Al Cheikh, issu de la plus puissante famille religieuse du royaume. L'agence n'a pas précisé les raisons de cette décision. Le roi Abdallah, un prudent réformateur, avait nommé cheikh Houmayen en 2009, et ce dernier avait veillé à ce que les membres de la police religieuse, défenseurs zélés de l'ordre islamique dans ce royaume ultraconservateur, suivent une formation afin de réduire leurs bavures. Mais “le rythme auquel le roi mène les réformes ne s'accorde pas avec l'action de la police religieuse”, a estimé un universitaire qui a requis l'anonymat. Le nouveau chef de la police religieuse est connu pour ses positions modérées concernant la mixité dans le royaume, qui applique une stricte ségrégation des sexes. En 2010, il avait pris le parti du chef de la police religieuse de La Mecque, Ahmed Al-Ghamdi, qui avait été limogé puis rétabli dans ses fonctions après avoir affirmé que l'islam ne prohibait pas de façon catégorique la mixité et estimé que les magasins pouvaient rester ouverts à l'heure de la prière. Les membres de la police religieuse, la “Commission de la promotion de la vertu et de la prévention du vice”, patrouillent à la recherche de commerces qui ne ferment pas à l'heure de la prière, de couples non mariés, de soirées où serait servi de l'alcool et d'autres comportements “suspects”. Ils veillent aussi à ce que les femmes ne conduisent pas et soient couvertes de la tête aux pieds, un contrôle jugé étouffant par les militants des droits de l'homme. Selon l'Association nationale saoudienne des droits de l'homme (semi-officielle), cette commission “jouit de pouvoirs étendus en matière d'arrestations, d'inspection et d'investigation”. Mais pour d'autres Saoudiens, la commission est plus efficace que la police dans la lutte contre le trafic d'alcool, la prostitution ou la pratique de la sorcellerie. Des journaux indépendants ont cependant dénoncé ces dernières années les bavures de cette police religieuse. Ainsi, en 2002, elle avait été accusée d'avoir empêché les secours d'entrer dans une école de jeunes filles où un incendie s'était déclaré. Bilan: quatorze morts. La commission n'agit plus qu'en collaboration avec la police et a cessé de faire appel aux volontaires, responsables dans le passé des pires abus. R. I./Agences