Mourad Dhina, membre fondateur du mouvement Rachad, a été interpellé lundi à l'aéroport d'Orly alors qu'il se dirigeait vers la Suisse où il réside depuis 1995. Selon des membres du mouvement Rachad, cette arrestation serait une réponse à une demande algérienne. En effet, Mourad Dhina était sous le coup d'un mandat d'arrêt international émis par la justice algérienne. Mais, selon ses proches, ce mandat n'a jamais été exécuté puisque le concerné avait l'habitude de voyager librement. Pour eux, cette arrestation pourrait être liée à la récente manifestation organisée le 11 janvier dernier par le mouvement devant l'ambassade d'Algérie à Paris. Au-delà du fait que Paris s'active, en ce moment précis, contre un membre trop médiatique de l'ex-FIS, il y a lieu de restituer le rôle de ce personnage dans l'échiquier du parti dissout. Résidant en Suisse depuis 1995, il fait parler de lui notamment après l'incarcération des leaders du parti, en accaparant la direction exécutive du parti à l'étranger, au nez et à la barbe de Rabah Kébir, alors installé en Allemagne. Dhina, que l'on dit proche du courant djazaariste, s'est opposé à la Charte de la réconciliation nationale, contrairement à Kébir. En 2002, et suite aux plaintes exprimées par Alger, le Conseil fédéral suisse a fini par réagir en décidant “d'interdire au chef du bureau exécutif du FIS, Mourad Dhina, de faire de la propagande depuis le territoire suisse et de justifier, prôner ou soutenir l'usage de la violence”. “Il a également été défendu à Mourad Dhina de justifier, d'encourager ou de soutenir matériellement des actes relevant du terrorisme et de l'extrémisme violent qui visent essentiellement à troubler l'ordre en Algérie. Pour éviter que cette interdiction ne puisse être contournée, Mourad Dhina a également l'interdiction de confier de telles activités à des tiers. S'il ne respecte pas la mesure prise à son encontre, il s'expose à une expulsion”. Mais Dhina a su attendre pour rebondir. Avec certains Algériens résidant en Europe, notamment en Angleterre, il a formé un noyau qui tente par tous les moyens de se faire entendre dans les médias. Récemment, ce mouvement a pris forme et s'appelle Rachad. Ce n'est pas un hasard si ce mouvement est lancé en plein Printemps arabe et ce n'est pas non plus un hasard s'il lance sa chaîne de télévision, au même moment que le fils de Abassi Madani lance la sienne. Maintenant qu'il est entre les mains de la justice française, sera-t-il extradé vers l'Algérie ? La question mérite d'être posée, sachant que la France, en pleine campagne électorale pour les présidentielles, pourrait bien l'utiliser comme carte dans la bataille. En effet, Paris pourrait bien être tenté de “le garder sous le coude”, au cas où “une vague verte” toucherait l'Algérie. Il pourrait bien utiliser son “joker” à ce moment-là, comme il pourrait l'utiliser comme monnaie d'échange avec les autorités algériennes. Contre qui ? Ou contre quoi ? Attendons pour voir. A.B.