Résumé : Omar est rentré et travaille maintenant à Alger. Comme il lui reste du temps libre, il se mettra à collaborer dans un journal. Nadia en est heureuse même s'ils ne communiquent plus comme avant. N'ayant aucune nouvelle de sa sœur aînée et de son frère, elle va les voir. Ghania fait peine à voir. Saïd ne lui mène pas la vie facile... -S'il ne rentre pas, où passe-t-il ses nuits ? demande Nadia à sa sœur. S'il ne mange pas ici, où mange-t-il ? - Je l'ignore. Il ne répond même pas à mes questions. Il fait comme si je n'existe pas. Il y a des fois où je pense partir d'ici. Je ne suis bonne qu'à faire la poussière et cuisiner pour moi ! - Reste encore… Peut-être, espère Nadia, qu'il a une amie et qu'il fréquente aussi sa famille. Cela expliquerait ses absences et pourquoi il ne mange pas ici. Mais pourquoi garde-t-il si jalousement le téléphone dans sa chambre ! - Que craint-il vraiment ? Que je le dénigre auprès de son amie ? Il est incroyable. Pourquoi ne me fait-il pas confiance ? s'interroge Ghania. Il est mon frère et il a l'âge de mon aîné. Je peux être meilleure conseillère qu'il ne se l'imagine ! - Je le sais et je le lui dirai ! Je vais l'attendre pour lui parler ! - Il n'a pas l'habitude de rentrer tôt, l'avertit Ghania. Tu risques d'attendre pour rien ! Nadia attendra longtemps et Saïd ne passera pas à la maison. Elle décide de rentrer chez elle. Il est si difficile de se trouver un taxi aux heures de pointe. Aux arrêts de taxi, elle apercevra Saïd et une jeune fille. Elle se fait discrète et les observe. Ils marchent main dans la main. Ils se sourient. Quand ils prennent le taxi ensemble, elle imagine qu'il la raccompagne chez elle. Peut-être qu'il restera si ses parents l'invitent ? Nadia est rassurée. Pendant tout l'après-midi, elle s'est rongé les sangs, croyant qu'il a mal tourné. Sachant qu'elle ne pourra pas joindre Ghania au téléphone, elle retourne à la maison pour la mettre au courant. Lorsque Ghania lui ouvre, elle est surprise de la revoir de sitôt. - Tu as oublié quelque chose ? lui dit-elle. - Non, je suis revenue pour t'apprendre que Saïd a une amie ! Je le ai vus ensemble. Ne te fais pas de souci. Tout ira bien maintenant ! Ghania est soulagée et la remercie d'être revenue pour lui apprendre la nouvelle. Nadia repart, plus que jamais rassurée et heureuse pour son frère. Elle trouve facilement un taxi et rentre chez elle, souriante. Omar et Aziza sont déjà là et ils remarquent sa bonne humeur. - Pour quelqu'un qui a été voir un médecin, je ne te trouve pas malade ! - Je voulais seulement prendre mon après-midi, répond Nadia avant de le mettre dans la confidence. Saïd a une petite amie. Elle doit avoir le même âge que lui et je crois deviner qu'elle est étudiante ! - C'est bien. En fait, lui avoue-t-il, je les ai déjà aperçus en ville. - Pourquoi ne m'as-tu rien dit ? lui reproche-t-elle. Je me serais fait moins de soucis. La pauvre Ghania était inquiète. Elle se demandait pourquoi il faisait tant de mystères et, surtout, elle était peinée qu'il l'ignore. Il ne mange pas à la maison et parfois il dort dehors ! - C'est mauvais signe, remarque Omar. La famille ne doit pas avoir de principes. Il est mal tombé ! - Comment peux-tu les juger négativement alors que tu ne les connais pas ? rétorque-t-elle. Ils doivent savoir qu'il a perdu ses parents et ils veulent “l'adopter” dès maintenant ! Au contraire, l'attention qu'ils lui portent me paraît un bon signe ! Mais, ajoute-t-elle, j'aurais aimé qu'il s'entende bien avec Ghania ! Il joue avec ses nerfs et elle en souffre ! - C'est sa façon à lui de lui demander de partir… Sans chaperon, peut-être qu'il amènerait sa petite amie à la maison ? émet Omar. S'il évite ta sœur, c'est qu'il doit avoir une raison particulière ! - Mais moi aussi il m'évite, remarque Nadia. Il n'est pas venu me voir depuis que Ghania s'est installée chez lui ! - Il sait que l'idée est de toi, il doit t'en vouloir ! Nadia espère que ce n'est pas le cas. Et même s'il lui en tient rancune, maintenant qu'il est amoureux, il doit avoir changé de sentiment. Elle ne voudrait pas qu'il la déteste pour rien. Si elle a demandé à Ghania d'être là-bas, c'est pour qu'il ne manque de rien, pour qu'il ne se sente pas seul. Les jours et les semaines qui suivent, elle ne peut s'empêcher d'espérer un coup de fil ou une visite de son frère. Mais ce dernier se comporte comme si elle n'existait plus. Ghania n'est pas venue la voir et ne l'a pas appelée. Un vendredi, elle retourne à Belcourt. Elle trouve les volets fermés et la maison bien silencieuse comme si elle n'était plus habitée. Nadia, le cœur serré, se met à sonner longtemps, très longtemps avant qu'un bruit de l'intérieur ne lui parvienne enfin. (À suivre) A. K. Vos réactions et vos témoignages sont les bienvenus [email protected]