La Russie est “ouverte à des propositions constructives” sur la Syrie, mais reste opposée à l'usage de la force et à toute résolution de l'ONU qui soutiendrait des sanctions unilatérales prises contre Damas, a déclaré hier le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov. “Nous sommes ouverts à toute proposition constructive visant à mettre fin aux violences” en Syrie, a déclaré M. Lavrov, ajoutant que toute nouvelle initiative de l'ONU ne pourrait justifier l'usage de la force ou “des sanctions prises sans aucune consultation” avec Moscou et Pékin, membres permanents du Conseil de sécurité. “Nous ne pouvons pas soutenir une proposition qui aboutirait à ce que des sanctions introduites de manière unilatérale, sans aucune consultation avec la Russie, la Chine et d'autres pays des BRICS (Brésil, Inde, Afrique du Sud) deviennent rétroactivement une décision du Conseil de sécurité”, a-t-il dit. “C'est tout simplement une approche malhonnête et contre-productive”, a estimé M. Lavrov lors d'une conférence de presse à Moscou avec son homologue turc, Ahmet Davutoglu. L'Union européenne a adopté, lundi, de nouvelles sanctions contre Damas, visant cinq banques syriennes, trois sociétés pétrolières et 22 personnes, essentiellement des membres de l'appareil de sécurité. Un autre train de sanctions européennes, pris de manière concomitante avec les états-Unis, avait déjà été imposé en décembre 2011 à la Syrie, où la révolte populaire qui fait rage depuis mars 2011 a fait plus de 5400 morts, selon l'ONU. M. Lavrov a souligné que la Russie était ouverte à des amendements à son propre projet de résolution à l'ONU, qui condamne l'usage de la force à la fois par le régime de Bachar Al-Assad et l'opposition syrienne. Moscou est également ouverte à l'idée d'éventuels pourparlers directs entre le régime syrien et l'opposition à l'endroit qui leur conviendrait, a observé M. Lavrov. “Si l'opposition ne veut pas se rendre à Damas, ce pourrait être Le Caire (...), la Turquie et le territoire de la Fédération de Russe”, a-t-il dit. Mardi, un porte-parole du département d'état américain a indiqué que des responsables américains et russes avaient eu à Moscou des discussions “très constructives” et “très utiles” sur la situation en Syrie, sans pour autant constater de “changement majeur” dans la position russe. Les Européens veulent un vote au Conseil de sécurité de l'ONU, lundi ou mardi, sur un nouveau projet de résolution basé sur le plan de la Ligue arabe, selon des diplomates. Le projet de texte, sur lequel la Grande-Bretagne, la France et l'Allemagne travaillent avec les pays arabes, appelle à suivre l'exemple de la Ligue arabe en imposant des sanctions au régime syrien. Cette clause à elle seule pourrait entraîner un blocage de la part de la Russie. Moscou et Pékin avaient mis leur veto en octobre 2011 à une précédente résolution dénonçant la répression sanglante en Syrie. R. I. / Agences