L'homme aura eu droit à des hommages de toutes parts. Il aura fait l'unanimité quant à son rôle de premier ordre dans la vie politique algérienne et de l'immense vide qu'il aura laissé. Le président de la République estime, dans un message de condoléances, que “l'Algérie vient de perdre un homme d'une valeur inestimable, un repère transgénérationnel”. De son côté, le Premier ministre a également rendu hommage au défunt qui “a marqué de son empreinte l'édification du pays après l'indépendance à travers les différentes responsabilités politiques qu'il a assumées tout au long du processus d'édification et de reconstruction”. Pour sa part, Kassa Aïssi, porte-parole du Front de libération nationale (FLN), estime que la disparition de Mehri “est une grande perte pour l'Algérie et la scène politique nationale”. Le défunt “était un éducateur avant tout”, a souligné M. Aïssi, ajoutant que “le regretté jouissait d'une perspicacité singulière qui lui permettait d'entrevoir les véritables problèmes du pays et d'y remédier en temps réel”. De son côté, le porte-parole du Rassemblement national démocratique (RND), Miloud Chorfi, qualifie le défunt de “sommité nationale qui a voué sa vie au service de son pays”. Pour M. Mohamed Djemaâ, un des dirigeants du Mouvement de la société pour la paix (MSP), Abdelhamid Mehri “est une personnalité algérienne très respectée par toute la classe politique et un moudjahid authentique et intègre”. Le premier secrétaire du parti du Front des forces socialistes (FFS), Ali Askri, a tenu à souligner que le défunt était “une personnalité éminente qui s'est vouée à l'édification d'une Algérie démocratique”. Abondant dans le même sens, Djeloul Djoudi, membre dirigeant du Parti des travailleurs (PT), estime que la disparition de Abdelhamid Mehri “est une grande perte pour l'Algérie qui regrettera à jamais le militant authentique et l'homme dévoué à sa patrie qui a toujours tenté de trouver les solutions adéquates aux problèmes du pays”. Le président du Front pour la justice et le développement (FJD), Abdallah Djaballah, a souligné, pour sa part, que l'influence du défunt a dépassé les frontières de l'Algérie pour “marquer de son empreinte les scènes d'action arabe”. Le président de l'Assemblée populaire nationale (APN), Abdelaziz Ziari, a souligné qu'avec la disparition de Abdelhamid Mehri, l'Algérie perdait l'un de ses grands hommes ayant marqué de leur empreinte le combat pour l'indépendance et l'édification nationale. La disparition de Abdelhamid Mehri a fait sortir de leur mutisme d'anciens hommes politiques, à l'instar de Ali Benflis ou de Ahmed Taleb El-Ibrahimi. Pour l'ancien chef de la diplomatie algérienne, le défunt était “le symbole de l'identité algérienne, de la révolution et de la probité politique et intellectuelle. C'était un militant exceptionnel au parcours politique remarquable”. L'ancien chef du gouvernement estime, pour sa part, que “L'Algérie a perdu en la personne de Abdelhamid Mehri un de ses valeureux fils. Militant inlassable de la cause nationale, Si Abdelhamid a été de tous les grands rendez-vous de l'histoire contemporaine de notre pays”. Cette cascade d'hommages renseigne du rang du défunt et du respect dont il jouissait au sein de la classe politique. Car au-delà de son parcours historique, l'homme aura surtout marqué de son empreinte la période la plus sombre du pays. Succédant à Chérif Messaâdia à la tête du FLN, au lendemain de la révolte d'Octobre 88, Abdelhamid Mehri aura la lourde tâche de faire passer le parti du statut de parti unique au pouvoir — ou du pouvoir — à celui d'un parti comme les autres. Malgré les vieux réflexes qui prédominaient au sein de sa formation et les fortes résistances au changement, Mehri s'appuiera sur la jeune génération, représentée par Mouloud Hamrouche, alors Chef du gouvernement, pour forcer la mue du vieux parti. Mais cette mue n'aura pas été de tout repos, en raison de la forte résistance des dinosaures du parti, mais aussi et surtout de la conjoncture électorale qui avait porté l'ex-FIS au-devant de la scène. Abdelhamid Mehri, tout comme Hocine Aït-Ahmed, s'opposera à l'arrêt du processus électoral et ira jusqu'au bout de sa logique, en assistant, quelques années après, au conclave de Sant' Egidio. Au sein du parti, et malgré la grogne des dinosaures, Abdelhamid Mehri réussira la prouesse de faire passer le FLN dans l'opposition. Inimaginable mais vrai ! Les Bouteflika, Messaâdia, Bitat et Lakhdiri avaient beau tenter de l'en dissuader, il fallait compter sans la ruse et la détermination de l'homme. Mais le pouvoir finira quand même par le destituer, à travers “le coup d'Etat scientifique” et le FLN rentrera de nouveau dans les rangs. L'homme ne perdra pas pour autant de sa détermination et de sa pugnacité. Il ne manquera aucune étape de l'histoire tumultueuse de l'Algérie pour dire ce qu'il pense et avancera ses propositions. Partisan du dialogue et du consensus, il a toujours répondu présent quand il s'agissait de penser au devenir du pays. Très écouté par ses adversaires, avant ses alliés, l'homme avait cette faculté de convaincre et de forcer le respect de tout le monde. A B