Le défunt fait encore parler de lui. Personnalité controversée mais marquante de l'histoire du FLN, voire du système politique algérien, le défunt Mohamed Chérif Messaâdia fait encore parler de lui. Sur initiative de l'association Machaâl Echahid une journée commémorant le troisième anniversaire de sa disparition lui a été consacrée hier au Palais de la culture à Alger. Cette personnalité riche, puisque symbolisant un large et riche pan de l'histoire contemporaine de l'Algérie ne laisse pas indifférent. En témoigne le grand nombre de personnalités politiques et de militants dont quelques uns ont approché de près cette personnalité. Et qui sont venu participer à cette commémoration qui coïncide également avec le cinquantième anniversaire de la révolution. Outre la famille de feu Messaâdia, citons l'ex-secrétaire général du parti FLN M. Abdelhamid Mehri, M. Salah Goudjil ou le Docteur Larbi Zebiri. Intervenant dans un dense exposé relatant les principaux faits ayant émaillé la vie politique de Messaâdia, M.Mehri tout en levant les équivoques, et par «devoir de témoignage» a réhabilité l'homme en le présentant tantôt comme artisan de l'Algérie indépendante tantôt et surtout comme un homme qui aura fait à un moment de l'histoire les frais d'un système qui aura prouvé ses limites. Notamment de par son emplacement aux avant-postes de commandement de l'Etat et du parti. Et qui auront vite fait d'associer, souvent à tort, les défaillances du système à cette figure de proue de la politique. Finalement victime d'une machine de propagande des plus implacables. Il rappellera à ce propos que Messaâdia en aura vu d'autres particulièrement lors de l'épisode colonial et post-colonial où l'heure imposait des choix difficiles. Mehri évoquera alors l'incroyable endurance de ce personnage hors du commun et sa résistance aux pires crises. Ce qui lui aura valu de mener d'une main de maître et pour longtemps le parti FLN. Un parti unique en lequel il croyait fortement. Mais sa conviction en le monopartisme n'aura pas empêché cet homme chevronné de la politique et au fait des arcanes de l'Etat de prévoir les vents du changement qui soufflaient sur l'Algérie durant les années 1980, notamment les réformes profondes qu'allait connaître l'Etat. Bien que circonspect, dira l'orateur, Messaâdia était néanmoins convaincu de l'occurrence de ces changements. Non sans rappeler que Messaâdia avait manifesté son scepticisme quant à l'origine des évènements d'octobre dont il mettait en doute «l'authenticité populaire». Comme il indiquera sa clairvoyance lors de la montée des périls, allusion à la réclamation du pouvoir par quelque parti en puissance qui a vu la fin de règne de l'ex-chef de l'Etat Chadli Bendjedid. Un flair des évènements qu'aura mis à profit Messaâdia, dira-t-il, pour réunir les cadres de la révolution afin d'affronter en rangs serrés les orages qui planaient alors sur la nation. Mehri ne passera pas sous silence ce terrible verdict qu'avait alors émis Messaâdia à l'encontre du pouvoir: «Le système est incapable de prédire les tempêtes qui le menacent.» Mehri a également invité à comprendre dans son contexte la raison d'être de l'article 120 pour dire que l'Etat, au moment de la conception de ce texte, était incapable de résoudre ce qui se présentait à lui et, mieux l'article en question émanait de la nature même du système et imputé à tort à un seul homme.