Résumé : Nadia trouve des messages sur son répondeur. Elle se rappelle les coups de fil anonymes qu'elle a reçus il y a quelques mois. Elle se demande si son frère n'en est pas l'auteur. Avec un pincement au cœur, elle se souvient des jours heureux de son mariage. Elle a aussi cru après la mort de ses parents que le pire est passé. Aujourd'hui, elle découvre que le pire reste à venir... Nadia sursaute quand on frappe à la porte. à force de pleurer, elle s'est assoupie. Elle se demande si elle n'a pas rêvé. Elle attend. Trois nouveaux coups lui parviennent. Nadia se lève lentement et va voir. Elle est heureuse et soulagée en ouvrant. Omar et Aziza sont enfin rentrés. Elle se jette dans ses bras, tout en pleurant. Elle est trop bouleversée pour se maîtriser. Elle ne s'en rend pas compte mais sa fille a pris peur et reste figée. Omar sent que ce qui s'est passé doit être très grave. Il la conduit au salon et l'aide à s'asseoir. Nadia pleure à chaudes larmes. Elle a besoin de se confier. - Ta sœur n'est pas bien ? - Oui, mais celui qui me bouleverse autant c'est Saïd, lui dit-elle en essayant de retrouver un peu de calme. Il… il… Nadia n'y arrive pas. Omar s'est assis en face d'elle et a pris ses mains dans les siennes pour la réconforter, pour l'encourager à poursuivre. - Il est malade ? Il a fait un accident ? l'interroge-t-il. - Non, souffle-t-elle. Il lui est arrivé pire, il fait partie d'un groupe armé, lui apprend-elle en levant les yeux vers lui. Il est dangereux ! - Comment le sais-tu ? - J'ai fouillé ses affaires et j'ai trouvé des preuves. Et puis, Ghania les a vus ensemble, lui apprend-elle. Ils ont souvent dîné à la maison ! Tu ne peux pas imaginer à quel point elle est terrorisée ! Omar hausse les sourcils, ayant des difficultés à croire ce qu'il vient d'entendre. Il connaît son beau-frère et il ne peut pas l'imaginer devenir terroriste, menacer des gens, lui le garçon sage que tous aiment et prennent pour exemple. - Je n'arrive pas à y croire, dit-il. Il ne fréquente même pas la mosquée. Il n'a rien d'un terroriste, insiste-t-il. Il ne peut pas faire de mal à une mouche ! - Et pourtant, je n'invente rien ! Il a des noms, des photos. J'ignore ce qu'il fait précisément mais je sais qu'il est bien récompensé. Il a un portable, plein de billets ! Cela ne lui tombe pas du ciel. S'il ne donne pas des renseignements, que fait-il alors ? - Une fois, je l'avais vu avec une petite amie, se rappelle-t-il. Qu'est-ce qu'elle est devenue ? - Je l'ignore ! - Tu sais quelque chose d'elle, l'interroge-t-il. - Non. Pourquoi ? - Tu pourrais la reconnaître ? Tu ne sais pas si elle est toujours avec lui ? Nadia avoue l'ignorer. - Il a promis de me la présenter mais je n'y crois pas, dit-elle. Je sais qu'elle finit ses études et qu'elle est à la cité de jeunes filles. Elle s'appelle Célia ! - Mais tu pourrais la reconnaître ? insiste Omar. - Je pense que oui… Mais pourquoi ? - Il faut aller la voir. Peut-être qu'elle pourra nous en apprendre un peu plus sur ses activités, dit Omar qui ignore encore qu'il est peut-être la prochaine victime du groupe armé dans lequel active son frère. - J'irai seule, décide-t-elle. Toi, tu te ferais remarquer. J'ai peur pour toi ! - Tu ne devrais pas, rétorque Omar. Saïd ne s'en prendra jamais à moi. Je le connais assez pour le savoir ! - Qu'en sais-tu ? Peut-être que pour leur prouver sa bonne foi et son engagement définitif, tu seras sa première cible ? Puisque tu ne te méfieras pas de lui ! Omar la regarde dans les yeux, semblant vouloir lire dans ses pensées. Il sent qu'elle ne lui dit pas tout. - Tu as trouvé une photo de moi, n'est-ce pas ? l'interroge-t-il. - Oui, souffle-t-elle. De toi, de mon beau-frère. Ghania est si terrorisée qu'elle craint de rentrer chez elle. De peur qu'il ne s'en prenne à sa famille, lui confie-t-elle. Je crois que le mieux pour toi et pour Yanis serait de partir pendant quelque temps. Le temps que le danger s'éloigne, ajoute-t-elle. Tu pourrais retourner travailler à Constantine ? Omar refuse. Il ne veut pas s'en aller sans savoir. (À suivre) A. K. Vos réactions et vos témoignages sont les bienvenus [email protected]