Résumé : Ghania lui apprend que leur frère l'ignore, qu'il ne rentre pas certains soirs et qu'il ne mange pas à la maison. Nadia la prie de rester encore un peu. En repartant, elle l'aperçoit avec une jeune fille. Elle retourne mettre Ghania au courant. Omar est déjà rentré. Elle lui raconte tout. Il avoue les avoir aperçues. Elle espère que son frère va changer de sentiments à leurs égards. Mais, plusieurs jours passent sans qu'il ne se manifeste. Elle retourne à Belcourt. Les volets de la maison sont fermés, comme si elle n'est plus habitée… -Hé, il y a quelqu'un ? Cette fois, Nadia ne sonne pas, elle tambourine plus qu'elle ne frappe. Un frôlement derrière la porte lui est parvenu. Elle ne comprend pas pourquoi personne n'ouvre. Elle refuse de partir sans savoir ce qui se passe. Car, au fond de son cœur, elle pressent un malheur. -Ghania, est-ce que tu es là ? Ouvre-moi ! La clef tourne lentement, deux fois avant que la porte ne s'ouvre. Nadia fait un pas, pour entrer tout en demandant : -Ghania ? Où es-tu ? Pourquoi te caches-tu ? Hé, regarde-moi ! -Chut, entre ! Ghania, les épaules voutées, la tête baissée, la précède au salon, lui laissant le soin de fermer la porte d'entrée. Nadia la rejoint vite au salon, intriguée et inquiète. -Mais qu'est-ce qui se passe ? Tu es malade ? -Tu ne peux pas t'imaginer à quel point, soupire-t-elle. La jeune femme a subitement des regrets. Elle n'aurait pas dû attendre aussi longtemps pour revenir. Si elle l'avait sue malade, elle serait venue à son chevet. Comme toujours, comme du temps où sa mère était encore en vie, elle vient toujours après, quand elle allait mieux. Nadia se dit que l'histoire se répète, seulement ce n'est plus sa mère mais sa sœur, qui s'est rétablie sans l'aide de personne. -Pourquoi n'as-tu pas appelé ? -Je ne pouvais pas sortir, répond Ghania qui garde la tête tournée. -Tu aurais pu dire à Saïd de me joindre, s'écrie Nadia. Je suis en train de me culpabiliser. Tout cela est de ma faute. Je m'en veux à mort ! Il s'est passé quelque chose, n'est ce pas ? Vous vous êtes querellés ? -Si ce n'était qu'une querelle ! murmure Ghania en portant les mains à ses yeux pour essuyer ses larmes. -Mais raconte-moi ! Qu'est-ce qui s'est passé ? Lorsque Ghania tourne la tête vers elle, elle manque de tomber de la chaise où elle allait s'asseoir. -Mais qu'est-ce qui t'est arrivé ? -Demande-moi plutôt qui... ! rétorque la sœur ainée en pleurant. C'est ton petit ange ! Nadia a du mal à y croire. Mais l'œil au beurre noir de sa sœur et les marques sur son cou la glacent. Ce qu'il a osé faire la choque. Elle en tremble. -Pourquoi ? Qu'est-ce qu'il lui a pris ? -Je ne sais pas. Mais j'avais remarqué des choses… Ce serait trop long à te raconter, dit Ghania. Au début, je croyais me tromper. Je voulais t'en parler mais je craignais faire fausse route ! -Puisque cela n'allait pas, pourquoi n'es-tu pas retournée chez toi ? l'interroge Nadia. Est-ce qu'il t'en a empêchée ? -J'avais peur, lui confie-t-elle. J'avais peur qu'il s'en prenne à mes enfants ! -Mais il n'est pas fou ! Peut-être que lorsqu'il s'en est pris à toi il était sous l'effet de la drogue ? ou d'alcool ? émet Nadia. Saïd n'est pas capable de faire de mal ne serait-ce à une mouche ! -T'es aveugle ma parole ! s'écrie-t-elle en lui montrant les marques de son cou. C'est moi qui me les suis faites ? C'est ça, ton ange est incapable de faire du mal aux autres ! Nadia, tu as toujours couvert Saïd et tu n'as jamais voulu voir le monstre qu'il est vraiment ! -Tu dis n'importe quoi ! Tu es en colère après lui ! Je peux le comprendre, mais dire qu'il est un monstre, tu exagères ! -Tu te trompes ! Je n'exagère pas ! Peut-être qu'il s'en était pris à toi, tu me croirais sur parole ! Cela t'ouvrirait les yeux, réplique Ghania, très peinée par son manque de confiance. Tu sais, lui rappelle-t-elle, c'est aussi mon frère ! J'ai tellement de peine pour lui, Nadia ; Saïd est irrécupérable ! Depuis des semaines, il a de mauvaises fréquentations ! -Il vole ? C'est un petit bandit ? Il agresse les passants dans les coins de rue ? l'interroge-t-elle, glacée par cette idée. Dis-moi, pourquoi il s'en est pris à toi ? Pourquoi t'a-t-il frappée ? -Il n'a plus sa raison…Il peut s'en prendre à mon fils ainé, au mari de Malika, au tien aussi, poursuit Ghania, d'un même ton. Notre frère est devenu quelqu'un de dangereux ! -Qu'est-ce que tu insinues par là ? Pourquoi s'en prendrait-il à eux ? Il n'est pas fou ! -Si, c'est un fou dangereux ! Si la police met la main sur lui, ils ne l'enverront pas à l'asile mais en prison ! C'est ce qui arrive aux terroristes quand ils ne se font pas tuer avant, dit Ghania. Saïd en est un ! (À suivre) A. K. Vos réactions et vos témoignages sont les bienvenus [email protected]