N'acceptant pas le veto de la Russie et de la Chine, la France et l'Allemagne ont rejeté hier le blocage de la communauté internationale, en annonçant leur intention de revenir à la charge afin de faire adopter une résolution sur la Syrie par le Conseil de sécurité de l'ONU. Rien ne va plus entre le tandem Paris - Berlin et le duo Moscou - Pékin, suite au veto russo-chinois, qui bloque le Conseil de sécurité sur la situation dramatique prévalant en Syrie. Hier, la France et l'Allemagne ont rejeté le blocage de la communauté internationale par la Russie et la Chine après leur veto à une résolution de l'ONU condamnant la répression en Syrie. “J'aurai le président Medvedev cet après-midi au téléphone. Avec l'autorisation de la chancelière, je lui parlerai en notre nom à tous les deux”, a déclaré le président français Nicolas Sarkozy, lors d'une conférence de presse commune avec la chancelière allemande Angela Merkel à Paris. “L'Allemagne et la France, sur la question syrienne, ne laissent pas tomber le peuple syrien. C'est un scandale ce qui se passe. Nous ne sommes pas décidés à accepter l'indécision ou le blocage d'une communauté internationale”, a ajouté Sarkozy. “Il y a encore eu 200 morts le week-end dernier, combien de temps va-t-on accepter cela ? C'est très étonnant que les Russes, qui dans l'histoire ont toujours été proches des positions de la Ligue arabe, aujourd'hui on se demande pour quelle raison, semblent s'en distancier”, a souligné le chef de l'état français. La chancelière allemande a appelé, de son côté, Moscou à “bien mesurer les conséquences de ses décisions”. “Nous ne sommes pas seulement déçus mais atterrés qu'il n'y ait pas eu d'adoption d'une résolution des Nations unies”, a dit Mme Merkel. La Chine a rejeté hier les accusations américaines selon lesquelles elle protégeait la Syrie. Elle a, en revanche, renvoyé pouvoir et opposition syriens dos à dos en appelant “toutes les parties à cesser les violences”. “Nous ne protégeons personne. Nous défendons la justice sur la question syrienne”, a assuré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères. La Chine “n'accepte pas les accusations” des états-Unis après le veto sino-russe sur la Syrie, a encore dit Liu Weimin, lors d'un point de presse régulier, en référence aux propos accusateurs de la secrétaire d'état américaine Hillary Clinton. Quant au chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, il a déploré hier la réaction “hystérique” de l'Occident après le veto russe et chinois à la résolution de l'ONU condamnant la répression en Syrie, à la veille de sa visite à Damas où il doit rencontrer le président syrien Bachar Al-Assad. “Certaines voix en Occident qui réagissent au vote à l'ONU sont indécentes et presque hystériques”, a déclaré Lavrov au cours d'une conférence de presse. “Un proverbe dit : ‘Celui qui se fâche a rarement raison.' Les déclarations hystériques ont pour but de dissimuler ce qui se passe, à savoir le fait qu'il y a plusieurs sources à l'origine des violences en Syrie”, a-t-il poursuivi, en citant notamment des “groupes extrémistes armés” proches de l'opposition. “C'est pour cette raison que nous avons soutenu de manière active en novembre l'initiative de la Ligue arabe sur la nécessité de faire cesser les violences d'où qu'elles viennent”, a souligné le ministre russe. Il a rappelé que cette disposition était présente dans le projet de résolution voté au Conseil de sécurité samedi, mais qu'il ne préconisait de mesures détaillées que pour le gouvernement syrien. Sur le terrain, au moins 25 personnes ont été tuées hier dans des violences en Syrie, dont 17 civils dans un bombardement sur Homs, haut lieu de la contestation, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), et trois officiers, selon les médias syriens. L'armée a de nouveau bombardé Homs (centre), après une offensive d'une violence inédite dans la nuit de vendredi à samedi, faisant 17 morts et des dizaines de blessés, selon l'OSDH qui a précisé que le bilan risquait de s'alourdir. Le régime pour sa part a accusé “des gangs terroristes” d'être derrière ces violences. M T. / Agences