Pris au dépourvu, les Auressiens mais surtout les habitants des montagnes et des zones les plus reculées de la région, ont passé une semaine qu'ils ne sont pas près d'oublier. En effet, au départ de la capitale des Aurès et vers différentes directions, aussi bien en direction d'Arris par la RN31 au sud-est de la wilaya, vers Khenchela, par la RN3 ou encore les autres villages aussi bien par les chemins de wilaya, que par les routes secondaires, comme c'est le cas pour la ville de Merouana à 40 kilomètres au nord-ouest de Batna, ainsi que pour toute la zone rurale de la région, certaines dechras et certains douars sont restés isolés 3 jours durant, à cause des fortes chutes de neige. Ainsi, sur les hauteurs de Thizi n'Rssas et Hit Ouloudh à plus de 800 mètres d'altitude, les routes et tous les chemins d'accès ont été obstrués. Le changement de climat et la chute brusque de la température ont pris au dépourvu les montagnards et les habitants de la région, qui, dans la plupart des cas, se chauffent au feu de bois, car ils ne sont toujours pas raccordés au gaz. D'autres citoyens considérés comme chanceux, car proches de certaines agglomérations, peuvent se procurer le gaz butane, malheureusement, les stations-service où les bouteilles de gaz sont souvent disponibles, sont prises d'assaut de même les rares magasins qui, en temps normal, vendent ce produit au prix non autorisé de 250 DA. Pis, sur le marché parallèle, la bonbonne de gaz frôle les 700 DA. Toutefois, cette tourmente semble avoir quelque peu resserré les rangs des habitants des zones enclavées. Un villageois témoigne que la nuit même, quand tous les accès étaient fermés, les habitants des villages voisins (Bacha, Tibhirine, El-Hadjej) ont fait le chemin à pied pour s'enquérir de la situation des habitants de la dechra. Ce geste fait dire à bon nombre de montagnards que “la tribu peut servir à autre chose qu'à voter et donner sa voix à des inconnus qui ne se sont même pas inquiétés de notre sort”, nous dit un jeune qui habite les environs et qui a passé la nuit à aider des automobilistes coincés entre la ville d'Arris et le village de Bacha. Sur l'autre versant, dans la vallée de Aïth Abdi, si le chasse-neige à pu dégager la route qui mène vers Batna et Biskra par Thizi El-Abed à plus de 59 kilomètres au sud du chef-lieu de la wilaya de Batna, il n'en est pas de même, pour les habitations éparses aux pieds du mont Mahmel à plus de 1 840 m d'altitude, des montagnards sont restés isolés 3 jours durant et sans chauffage. À Thamza et Yabous dans la wilaya de Khenchela, seule la solidarité était de mise. Les citoyens se sont portés secours mutuellement, et les plus touchés par le froid qui ont trouvé refuge chez d'autres villageois, sachant que pour le village de Tahmza, dont les voies d'accès sont difficiles en temps normal, ils n'ont vu les engins de secours que bien après les grandes chutes de neige. Enfin, dans les environs de Merouana, les localités microscopiques ou moyennes ont carrément été isolées, à l'exemple de Agradou ou Ali n'Meur. R H