Les pays occidentaux sont “complices” de l'aggravation de la crise en Syrie a répondu le vice-ministre russe des Affaires étrangères en réponse à leurs accusations de blocage du Conseil de sécurité de l'ONU par Moscou et Pékin, pendant que les Syriens meurent tous les jours sous les balles du régime al-Assad. Le bilan des victimes s'allonge de jour en jour en Syrie, avec un nombre de morts de plus en plus important comme ce fut le cas jeudi où plus de 80 personnes ont péri, dont une majorité de civils tués par les forces du régime dans la ville de Homs, haut lieu de la contestation dans le centre du pays. Au moins 25 personnes ont été tuées et 175 blessées dans une double attaque à la voiture piégée contre deux bâtiments de la sécurité à Alep, deuxième ville de Syrie, a indiqué le ministère syrien de la Santé. La Ligue arabe, qui ne sait plus où donner de la tête, veut maintenant reprendre la mission des observateurs dans ce pays en collaboration avec l'ONU. Nul ne veut assumer la responsabilité de ce massacre au quotidien comme en témoignent ces échanges d'accusations entre les différents acteurs de la communauté internationale. Le président américain Barack Obama a dénoncé jeudi le “bain de sang atroce” qui est selon lui en cours en Syrie, et assuré que les Etats-Unis et l'Italie voulaient y mettre fin. Le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé a déclaré de son côté : “En Syrie, je me bats avec toute mon énergie contre ce scandale, contre ce massacre quotidien”. En réponse aux critiques occidentales, le vice-ministre russe des Affaires étrangères a estimé hier que l'Occident, en soutenant les opposants au régime syrien, s'est rendu complice de l'aggravation de la crise en Syrie et l'opposition sera désormais tenue pour responsable de la poursuite de “l'effusion de sang”. “Les Etats occidentaux, en incitant les opposants syriens à des actions intransigeantes (...) sont complices du processus d'attisement de la crise”, a déclaré Sergueï Riabkov, cité par l'agence officielle Itar-Tass. Il a également déclaré : “Les autorités de Syrie ont assuré être prêtes à mener rapidement un référendum sur la Constitution et aller vers la tenue d'élections”, avant d'ajouter : “Dès lors, la responsabilité de chercher une solution pour arrêter l'effusion de sang repose sur l'opposition”, qui refuse de négocier avec le pouvoir dont elle réclame le départ. Riabkov a notamment rejeté les critiques adressées à la Russie pour avoir utilisé son veto pour bloquer au Conseil de sécurité de l'ONU une résolution condamnant le régime syrien et réclamant la mise en oeuvre du plan de la Ligue arabe, en déclarant : “En raison du veto russo-chinois au projet de résolution marocain au Conseil de sécurité de l'ONU, certains ont essayé d'accuser la Russie d'être responsable de l'effusion de sang. C'est un mensonge”. “La responsabilité repose sur ceux qui, ayant de l'influence sur l'opposition, ne peuvent lui serrer la bride et réclamer qu'elle accepte la proposition du gouvernement syrien d'entamer un vrai dialogue, étant donné que Damas y est prêt”, a-t-il martelé. Pour rappel, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, avait assuré, après avoir rencontré à Damas cette semaine le président Bachar al-Assad, que le régime syrien était prêt à négocier avec l'opposition et que la date d'un référendum sur une nouvelle Constitution allait être fixée bientôt. En réponse à cette proposition, l'opposition jugea que les négociations étaient impossibles sans le départ du président syrien. Sur le terrain, la télévision d'Etat syrienne a indiqué hier que deux attaques à l'explosif menées par des “terroristes” ont frappé hier Alep, la deuxième ville de Syrie, faisant un nombre indéterminé de morts et de blessés parmi les civils et les militaires. “Deux explosions terroristes ont visé Alep tuant et blessant des civils et des militaires”, a précisé la même source, en ajoutant qu'elles avaient visé le bâtiment de la sécurité militaire et un siège des forces de l'ordre. De leur côté, les militants syriens ont fait état de trois explosions à Alep, dont l'une s'est produite près d'un bâtiment de la sécurité de la ville, le centre économique de la Syrie. Selon le chef de l'Observatoire syrien (OSDH) Rami Abdel Rahmane, trois explosions ont frappé les quartiers de Sakhour, Marjé et Dawar al-Bassel, dans la ville d'Alep, jusqu'à présent relativement épargnée par les violences. La commission générale de la Révolution syrienne (CGRS), un groupe d'opposition, a accusé le régime affirmant que les attaques à Alep sont “une nouvelle mise en scène réalisée par le régime”. M T