La Côte d'Ivoire de Didier Drogba espère inscrire aujourd'hui une 2e fois son nom au palmarès de la CAN, 20 ans après son unique sacre, une ambition que la Zambie, emmenée par le charismatique Hervé Renard et portée par le souvenir du crash aérien de 1993, pourrait bien contrarier dimanche à Libreville. Au cours d'un tournoi marqué par des surprises en pagaille, les stars ivoiriennes sont les seules à s'être montrées dignes de leur réputation. Mais il leur reste une dernière marche à franchir, sans doute la plus délicate, pour boucler cette Coupe d'Afrique en apothéose et succéder à l'Egypte. Théoriquement et au vu de leur parcours impérial, les Eléphants n'ont rien à craindre des Zambiens, 71e au classement Fifa. Avec 9 buts inscrits en 5 rencontres et surtout aucun encaissé, ils ont été exacts au rendez-vous, laissant pour une fois le spectacle au vestiaire pour y substituer une impitoyable efficacité et un pragmatisme assumé. La consécration tant attendue de la génération Drogba est peut-être à ce prix. À bientôt 34 ans (le 11 mars), le buteur de Chelsea, seule vedette de dimension mondiale de la compétition, abat son ultime carte avec sa sélection nationale, lui qui a quasiment tout gagné en club mais rien sous les couleurs de son pays. Après les cruelles désillusions des éditions précédentes (finale en 2006, demi-finale en 2008, quart de finale en 2010), la vieille garde ivoirienne (Drogba, Zokora, Barry, Kolo et Yaya Touré, Boka, Eboué), bien aidée par les deux étoiles montantes Kalou et Gervinho, sait que le temps est compté et qu'une telle opportunité ne se représentera plus. Si la prochaine CAN a lieu dès 2013 en Afrique du Sud, le plateau sera peut-être bien plus relevé que celui de cette année, affaibli par des absences de poids (Egypte, Cameroun, Nigeria, Algérie, Afrique du Sud). Reste à vaincre une Zambie euphorique et bien décidée à se payer un 3e cador après avoir eu la peau du Sénégal (2-1 au 1er tour) et du Ghana en demi-finale (1-0). Les Chipolopolos ne peuvent pas compter sur des individualités de la trempe des Ivoiriens mais affichent une cohésion qui peut les amener jusqu'au titre suprême après deux échecs en finale en 1974 et 1994. Outre les deux attaquants Mayuka et Chris Katongo, la figure qui se détache de cette équipe est celle de son sélectionneur français, Hervé Renard. Sous son physique de play-boy, le technicien cache une réelle détermination qui a fini par contaminer ses joueurs. “On est devant une montagne mais on n'a pas peur d'aller au sommet. La seule chose qu'on a dans notre tête, c'est que cette finale on veut la gagner”, affirme-t-il sans sourciller. C'est aussi dans les symboles que la Zambie est allée puiser sa motivation. En reposant les pieds sur le sol gabonais, 19 ans après l'accident d'avion qui avait décimé leur équipe nationale à Libreville, les Chipolopolos et leur sélectionneur y ont vu “un signe du destin”. Hervé Renard l'a dit : “en Afrique, il y a toujours quelque chose à laquelle se raccrocher.” et pour la Côte d'Ivoire, il s'agira d'envoyer un message d'unité et de “réconciliation nationale”, comme n'a cessé de le marteler François Zahoui, dans un pays déchiré par une grave crise politique entre novembre 2010 et avril 2011 qui a fait près de 3 000 morts.