Les stars ivoiriennes se doivent de sortir, une nouvelle fois, le grand jeu pour décrocher, enfin, ce trophée. Avec sa défense imperméable et ses stars enfin dignes de leur réputation, la Côte d'Ivoire a l'étoffe d'un futur champion d'Afrique mais doit se méfier de l'élan qui a porté en finale la Zambie, capable de faire tomber les Eléphants après avoir coulé les deux autres favoris sénégalais et ghanéens. Avec 0 but encaissé en 5 rencontres disputées à la CAN, la défense des Eléphants fait preuve d'une redoutable solidité. Sur le papier, le quatuor Gosso-Kolo Touré-Bamba-Tiéné n'a pas forcément de quoi impressionner. Mais dans un tournoi en manque cruel d'attaquants de rang mondial, cet attelage fonctionne à merveille. Les relances laissent parfois à désirer mais l'arrière-garde ivoirienne reste concentrée sur sa seule mission, défendre coûte que coûte la cage gardée par le vétéran Copa Barry (32 ans), et ne s'embarrasse guère de considérations esthétiques ou techniques. Cette tactique minimaliste et pragmatique, totalement assumée par le sélectionneur François Zahoui, a modifié le visage de la sélection et les joueurs ont vite pris le pli puisque le dernier but concédé par la Côte d'Ivoire remonte au 12 novembre (1-1 contre l'Afrique du Sud en amical). Sur courant alternatif au 1er tour, les vedettes ivoiriennes se sont brusquement réveillées avec les matches à élimination directe. Drogba, l'unique megastar de cette Coupe d'Afrique, a sorti la panoplie du sauveur en quart de finale contre la Guinée Equatoriale avec un doublé (3-0) alors que Gervinho a enfin ouvert son compteur après un rush spectaculaire de plus de 50 mètres en demi-finales face au Mali (1-0). Le capitaine des Eléphants en est déjà à 3* réalisations et ne compte pas raccrocher avant d'avoir remporté un trophée avec son pays. Il sait que le temps joue contre lui alors qu'il aura 34 ans le 11 mars. Yaya Touré n'a pas encore atteint la trentaine (28 ans) mais a su s'imposer comme le leader technique de la Côte d'Ivoire par son abattage et sa puissance physique au milieu. Lui aussi a débuté très timidement le tournoi, ne trouvant pas sa place dans l'entre-jeu. Positionné plus haut, le joueur africain de l'année 2011 évolue désormais à son vrai niveau. Il ne reste plus qu'une marche à franchir aux Eléphants pour mettre fin à 20 ans de disette. Mais l'obstacle risque d'être bien plus compliqué que prévu. 71e au classement Fifa, les Chipolopolos sont à la portée d'une équipe quatre étoiles telle que la Côte d'Ivoire. Mais la formation dirigée par Hervé Renard a démontré son savoir-faire en éjectant les deux autres prétendants au titre, le Sénégal (2-1 au 1er tour) et surtout le Ghana (1-0) en demi-finale. Portés par le souvenir du crash aérien de 1993 qui a décimé leur sélection, la Zambie et ses attaquants de poche (Mayuka, Chris Katongo) sont capables de frapper un 3e grand coup pour leur retour au Gabon pour la première fois depuis le drame. Zahoui a flairé le piège et invoqué dès mercredi le rôle d'´´ambassadeur´´ de ses joueurs après la grave crise politique qui a déchiré la Côte d'Ivoire entre novembre 2010 et avril 2011, faisant près de 3000 morts.