Les sénateurs FLN confirment le vote positif de leurs collègues de l'APN de l'amendement d'El-Islah. Les dix-sept sénateurs FLN ont voté pour la loi de finances 2004, dans laquelle est inclus l'amendement portant interdiction d'importation de boissons alcoolisées, introduit par le député d'El-Islah, Miloud Kadri. “Nous ne pouvions pas nous mettre en contradiction avec le groupe des députés FLN, qui ont avalisé cet amendement à l'APN”, a expliqué M. Kamiri, président du groupe des sénateurs FLN. “Ce n'est pas un amendement intégriste”, a précisé le sénateur, soulignant sa conformité avec les dispositions de la Constitution, qui consacrent, entre autres, l'islam religion d'état. Un islam qui interdit, évidemment, la consommation, la production et la vente de l'alcool. Abderrahmane Belayat a tenté d'esquiver les questions des journalistes. Devant leur insistance, il a fini par rejoindre l'avis de son collègue sur l'incongruité d'une position qui désavoue les députés FLN. Il a fait référence à la loi, datant des années 1970, sanctionnant sévèrement les personnes rendues coupables d'ivresse publique. Les deux sénateurs ont ainsi confirmé le vote positif des députés de leur parti sur l'interdiction de l'importation des boissons alcoolisées. Ce qui signifie que ce n'était pas une erreur d'appréciation de la proposition d'El-Islah, tel que compris, de prime abord, par l'opinion publique. D'ailleurs, les responsables du FLN montrent une certaine gêne à expliquer les distorsions entre le discours officiel du parti, prônant le modernisme, et les faits sur le terrain qui dénotent des accointances avec les visées des islamistes. à court d'arguments, Abderrahmane Belayat a rappelé : “Le ministre des Finances ne s'est pas opposé à ce vote. Il n'a même pas attiré l'attention des membres du Sénat sur les aspects négatifs de la mesure.” M. Kamiri a révélé, pour sa part, que les sénateurs du Front ne pouvaient pas rejeter la loi de finances pour 2004 et donner ainsi au président de la République l'occasion de la légiférer par ordonnance. Pourtant, le chef de l'état jouit de la prérogative de saisir le Conseil constitutionnel, en vue de déclarer l'inconstitutionnalité de certains articles contenus dans la loi de finances, puis, au bout du parcours, légiférer par ordonnance. Si cette situation venait à se réaliser, le chef de l'état administrerait une gifle magistrale et au FLN, qui détient la majorité absolue à l'APN, et au RND, majoritaire au Conseil de la nation. Il est, toutefois, peu probable qu'il ait une quelconque velléité de bloquer la loi de finances. D'autant que les sénateurs du tiers présidentiel ne se sont pas opposés au fameux amendement (uniquement un sénateur désigné, s'est exprimé contre et un autre qui s'est abstenu). “Si nous avions voté la loi de finances, d'abord article par article, au lieu de la voter chapitre par chapitre, de nombreux députés auraient rejeté l'article relatif à l'interdiction de l'importation des boissons alcoolisées”, nous a confié un sénateur du tiers bloquant. Un autre a affirmé que les sénateurs n'ont pas eu le courage de s'exprimer ouvertement contre cette mesure conservatrice au mois de ramadan. “Si on avait procédé au vote électronique, les résultats auraient été peut-être différents”. Un troisième a souligné que “le rejet de l'amendement du député d'El-Islah aurait donné à Abdallah Djaballah un argument à faire valoir pendant la campagne électorale pour la présidentielle de 2004”. Beaucoup de prétextes ont été avancés pour justifier un vote, qui n'a pris en compte, en réalité, que des calculs purement politiciens. S. H.