Pour rehausser la manifestation “Tlemcen capitale de la culture islamique” qui s'achève dans deux mois, le ministère de la Culture a délocalisé (une fois de plus) un festival international, en l'occurrence celui de la musique “samaâ soufie”, dont la paternité revient à la région de Sétif où il a été institutionnalisé, privant une fois de plus les adeptes de cette musique de renouer avec l'événement en question. Ce festival s'est déroulé du 6 au 11 février au Palais de la culture, drainant, malgré le froid rigoureux, un public assez nombreux venu se ressourcer et s'imprégner de la musique sacrée et mystique, à l'image de la formation turque avec ses derviches tourneurs. Plusieurs pays comme l'égypte, le sultanat d'Oman, le Maroc, l'Irak, la Grande-Bretagne, la Jordanie, l'Indonésie ont pris part à ce rendez-vous culturel aux côtés des formations algériennes de Tlemcen (Nass El-Issawa), Ghardaïa (génération montante d'El-Inchad), Béchar (troupe Gnawa), Constantine (association Rachidia), Sétif (association El-Inchad et Patrimoine) qui ont mis en valeur à leur manière la richesse spirituelle du patrimoine national à travers les chants et danses en gandoura. Le mounchid jordanien d'origine palestinienne Ghazzen Abou Khadra a déclamé pendant plus d'une heure à lui seul plusieurs chants religieux comme Ya Tayiba, bien connu en Algérie, suscitant plusieurs ovations auprès du public qui a repris avec lui les intonations sous les youyous. Présent sur les scènes depuis dix-sept ans, Ghazzen, qui a fait partie de la troupe internationale El-Houda, dirigée par Mohamed Abou Ratib, a pris part en solo à de nombreux festivals organisés en Orient, en Europe et aux états-Unis. La troupe indonésienne Dibou (la terre) a interprété plusieurs madihs, déclamés en arabe, turc, indonésien, chinois, anglais et farsi. Alliant tradition et modernité dans sa démarche, le groupe créé en 1999 puise ses poèmes de l'œuvre du cheikh indonésien Fettah Mohamed. Les membres de la confrérie des Aïssaoua de Tlemcen quant à eux ont associé le public à leur répertoire à travers les chants religieux sur Sidi Boumediene, ponctués de leurs danses traditionnelles. Le samaâ, inscrit au patrimoine culturel immatériel de l'humanité de l'Unesco le 16 novembre 2010, “fait partie des pratiques spirituelles du soufisme, parmi lesquelles on trouve notamment le dhikr (invocation des noms divins), la lecture du Coran et la récitation de prières sur le Prophète Mohammed (QSSL)”. B. A