Les chutes de neige enregistrées ces dernières 48h ont visiblement compliqué la situation en Kabylie, notamment des zones montagneuses, laquelle n'arrivait toujours pas à reprendre une vie normale après une semaine marquée par une grosse tempête de neige conjuguée à une pénurie aiguë de produits alimentaires et énergétiques. Hier encore, de nombreux villages, particulièrement ceux culminant à des altitudes dépassant les 800 mètres, étaient dans l'isolement. C'était le cas aussi bien du côté de Larbaâ Nath Irathen que du côté de Bouzeguène et Yakourène ou encore du côté de Frikat et Boghni où même les routes, qui ont fait l'objet d'opérations de déneigement, demeurent impraticables à cause du verglas qui a rendu impossible, par endroits, l'avancement des engins de déneigement. C'est sur le sujet des engins justement que la plupart des maires de Haute-Kabylie ne cessent de se plaindre. “Nous avons 16 kilomètres de chemins de wilaya qui traversent notre commune et l'APC se démène toute seule avec ses moyens dérisoires pour les rouvrir. Nous avons saisi toutes les autorités concernées mais les engins affectés par la Direction des travaux publics sont squattés au chef-lieu de daïra de Larbâa Nath Irathen. Nous sommes abandonnés”, explique Hocine Mammeri, président de l'APC d'Aït Oumalou, avant de s'en prendre au chef de daïra de Larbâ Nath Irathen. “Deux villages de la commune, à savoir Thadarth Oufella et Thadarth Bouada sont sinistrés mais rien n'a été fait pour venir à leur secours”, ajoute le P/APC d'Aït Oumalou, soulignant que pour mieux prendre en charge les urgences médicales, la nouvelle structure de santé dans la commune a été ouverte mais l'EPSP, qui occupait un siège vétuste, a refusé de déménager vers le nouveau siège malgré l'effondrement qui menace l'ancienne salle de soins. Ce genre de situations où les maires se démènent tous seuls aux côtés de la population se comptent par dizaines dans la wilaya de Tizi Ouzou. Dans la région d'Azazga où des chutes neige dépassant les 40 cm ont été enregistrées lundi, les routes ont été vite balayées grâce notamment à l'intervention des engins de l'ANP. Ce qui a permis de libérer une partie de la RN12 reliant la ville de Tizi Ouzou vers Azazga. Dans cette région, si les boulangeries et autres commerçants avaient profité de l'éclaircie de la veille pour s'approvisionner en marchandises et répondre convenablement à la demande des habitants, la tension sur le gaz butane ne serait pas toujours perceptible. Les heurts et altercations étaient devenus des plus fréquentes entre citoyens, las d'attendre durant de longues heures dans un froid glacial et les agents de Naftal. La population de la région d'Azazga fait également face à un problème d'alimentation en eau potable depuis plusieurs jours. “L'eau est gelée à l'intérieur des canalisations”, nous a fait savoir un employé de l'ADE à Azazga. À Bouzeguène, comme la plupart des localités de la wilaya de Tizi Ouzou, la population locale continue de faire face à une crise aiguë en matière d'approvisionnement en gaz butane et aux routes coupées par le verglas. Un verglas qui est à l'origine d'une paralysie encore quasi générale dans toute la wilaya. Les écoles sont fermées depuis 12 jours, les administrations n'assurent qu'un service minimum lorsqu'elles sont ouvertes et toute l'économie de la région tourne au ralenti. Dans la région d'Aïn El-Hammam, après l'effondrement de la salle omnisports, l'ancien siège de la mairie s'est complètement effondré. Dans la localité de Tigzirt, une femme de 38 ans a trouvé la mort par asphyxie au monoxyde de carbone durant la nuit de lundi à Tala Taghourast, commune de Mizrana. 18 personnes d'une même famille au village Iguer Nsalem, à Iflissen, dans la même région de Tigzirt, ont été évacuées et logées provisoirement dans la mosquée du village. Dans le sud de la wilaya, les deux villages d'Aït Boumaza et Ath Ali, perchés à 1 000 m d'altitude, sont toujours dans l'isolement. Selon le président de l'APC de Frikat, les engins peinent à avancer vers ces deux villages à cause du verglas. S. LESLOUS/H. A./M. H./O. G.