Entre les nouveaux partis et les formations déjà sur la scène nationale, la semaine est dans une atmosphère préélectorale où se bousculent les positions sans jamais se rejoindre. La scène politique nationale s'emballe donnant l'air d'une fin de huis clos. L'éclosion de nouveaux partis, issus en majorité de dissidences, à la faveur de l'amendement de la loi sur les partis, ne peut pas forcément être un indicateur de bonne santé politique du pays. D'autant plus que la frénésie de cette première semaine marquée par la tenue de congrès constitutifs de nouvelles formations révèle surtout une tendance forte à la participation aux législatives du 10 mai, comme si cela était une fin en soi. Malgré leur réserve sur les délais, les nouveaux partis comptent s'engager dans cette course inégale. Cette première semaine, pleine, aura également montré, outre le foisonnement de sigles, une propension à l'individualisme des partis en affichant des positions presque inconciliables. Les chances de coalition ou d'alliance sont inexistantes, pour le moment. Pour l'instant, dans les discours, les partis prétendent se distinguer les uns des autres, mais appellent aux regroupements par familles politiques. C'est le cas pour le MPA, ex-UDR de Benyounès, avec sa “politique autrement” qui veut rassembler le camp démocratique et républicain ou le Front du changement de Menasra qui veut regrouper autour de lui les islamistes et part à la pêche de la base de l'ex-Fis. Se revendiquant héritier de Nahnah, Menasra pose d'emblée ses conditions pour une éventuelle alliance avec les autres partis islamistes. Une question de leadership se dessine comme toujours depuis l'avènement du multipartisme. À l'exception du RCD qui crée la surprise en décidant de boycotter, les autres partis estiment pouvoir apporter le changement en siégeant à l'APN. Une sorte de changement de l'intérieur. Encore faut-il des conditions, notamment un scrutin propre, ce dont doute fort le RCD. Par ailleurs, la bataille des pronostics est déjà engagée. Initiée par Belkhadem, SG du FLN, dans la foulée des révoltes arabes, qui a cru bon de lorgner du côté des voix islamistes en donnant un score jugé fantaisiste, les islamistes lui emboîtent le pas : Soltani prévoyant une victoire de son courant. Entre les nouveaux partis et les formations déjà sur la scène nationale, la semaine est dans une atmosphère préélectorale où se bousculent les positions sans jamais se rejoindre. Le ton, en revanche, est plus tranchant avec des attaques en règle. Les nouveaux partis rejoignent dans le chœur ceux de l'opposition alors que ceux au pouvoir se défendent derrière le bilan du programme du Président et “ses réformes approfondies” tout en se mettant d'ores et déjà dans la peau des futurs vainqueurs. Et aucune innovation dans ce laborieux exercice de style qui sent surtout des vengeances et des revanches. Mais point de pertinence programmatique. Les nouveaux partis voudraient peut-être gagner du temps étant donné les délais courts pour s'engager dans la course du 10 mai. Et c'est de bonne guerre qu'ils tentent de ratisser dans les fiefs des partis traditionnels dont une majorité d'entre eux est issue. Benbaïbèche, Menasra, Belaïd, Benabdeslam… fustigent, chacun à sa manière, sa formation d'origine et sa politique avec, et, à chaque fois, en prime, une dénonciation de l'absence de débat démocratique dans ces partis. La campagne s'annonce ainsi sur un ton “offensif” qui ne laisse pas de place à de possibles alliances dans l'immédiat. Mais le risque est de voir la prochaine Assemblée très colorée avec d'irrémédiables désaccords. Ce que cherche peut-être le pouvoir. D B.