Galvanisé par la poussée islamiste dans nombre de pays arabes, servi par la compromission des autres formations islamistes dont notamment le MSP, Abdallah Djaballah croit en son étoile. Les prochaines élections législatives, prévues le 10 mai prochain, devraient à ses yeux hisser sur le pavois sa nouvelle formation politique, le Front pour la justice et le développement (FJD). Confiant et même “convaincu” de la victoire de son mouvement, lui qui a crapahuté des années durant en faveur du projet islamiste, se paye désormais le luxe de se passer des alliances avec les autres forces politiques islamistes. “Toutes mes tentatives, depuis le début de mon parcours politique en 1976, pour rassembler les islamistes se sont soldées par un échec. Cela m'a fait perdre tout espoir...”, a-t-il déclaré hier lors d'une conférence de presse animée à Alger. L'unique alliance qu'il consent, pour l'heure, est celle qui consiste à surveiller le prochain scrutin. “On est prêts à nous associer avec d'autres formations politiques pour assurer la surveillance des prochaines législatives et nouer avec eux des alliances après le scrutin en fonction de leurs résultats”. Cette sortie de Djaballah sonne donc comme une réponse aux appels du pied et aux “incantations” des autres formations islamistes notamment le Front pour le changement d'Abdelmadjid Menasra, le MSP, El-Islah et Ennahda et d'autres petites formations au label islamiste, en instance d'agrément, comme le FAN de Djamel Benabdesslam. Pourquoi donc Djaballah préfère-t-il faire cavalier seul ? Se sent-il suffisamment en force pour aborder le prochain scrutin sans le concours de sa famille naturelle? Si le crédit dont il jouit parmi les islamistes pur-jus et sa rancœur tenace contre tous ceux qui ont contribué, notamment parmi ses anciens lieutenants, à le déposséder des partis Ennahda et El-Islah qu'il avait fondés grâce au concours de certaines sphères au pouvoir, pourraient justifier sa démarche, les arguments invoqués pèchent par défaut de pertinence. Pour quelqu'un qui a longtemps caressé le rêve d'une république théocratique et qui a eu maille à partir avec les geôles du pouvoir, la conjoncture régionale le confine plutôt à chercher le plus grand consensus possible dans l'espoir de prendre sa revanche sur le sort. Au regard des conditions de préparation des élections, la manière dont les réformes ont été menées, la qualité de ceux tirant les ficelles dans l'ombre dont certains ont été derrière ses déboires, Djaballah apparaît par certains aspects comme une autre pièce d'un puzzle politique concocté par les faiseurs de rois. K K