L'Assemblée nationale, qui sera issue des élections législatives du 10 mai prochain, sera “mandatée” pour participer à la révision constitutionnelle, écrivait Bouteflika dans son message au secrétaire général de l'UGTA, il y a trois jours. On l'aura compris, l'annonce était destinée surtout à mettre en relief “l'importance inédite” de ce scrutin, qualifié d'ailleurs de “pierre angulaire des réformes”, dans une tentative de persuader les citoyens à se rendre aux urnes et à voter “sérieux et responsable”. Une façon comme une autre de signifier aux Algériens que, cette fois-ci, leur attitude vis-à-vis du vote et leur vote lui-même ne sera pas sans conséquence sur leur avenir. Mais, en engageant ainsi cette opération de charme sans doute appelée à se poursuivre, le chef de l'Etat a révélé une de ses intentions insoupçonnées jusque-là : la prochaine Assemblée va “participer” à la révision constitutionnelle. Cerise sur le gâteau, cette annonce pourrait être perçue, aussi, comme une concession à ceux qui revendiquent depuis des années l'élection d'une Assemblée constituante. Marché de dupes, apparemment, puisqu'au lieu d'une vraie Assemblée constituante, l'on aura une APN dont la marge de manœuvre aura la largeur que voudra bien lui donner, sans doute par le biais d'un décret présidentiel, le chef de l'Etat qui détient le pouvoir exécutif. La révolution démocratique peut attendre… Et les députés de l'Assemblée sortante ont de quoi espérer : ils ne seront pas les artisans de la pire législature de l'Histoire. Question : puisque les réformes et leur “pierre angulaire”, les législatives du 10 mai, visent à faire triompher la volonté populaire comme l'a souligné le président de la République dans son message, pourquoi n'a-t-il pas opté pour l'élection d'une Assemblée constituante ? Certes, l'option a aussi ses opposants qui ne manquent pas d'arguments. Mais elle est en phase avec le discours officiel du moment, tel que décliné à maintes reprises par le chef de l'Etat lui-même. L'on se souvient que Bouteflika avait avoué, au début de son premier mandat, l'existence de “lignes rouges” qu'il ne pouvait enjamber dans son entreprise réconciliatrice. Il ne tardera peut-être pas à s'en plaindre de nouveau, le régime n'ayant pas évolué depuis. Ses méthodes encore moins. S. C.