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Les bazars d'Istanbul se vident des touristes
Conséquences des attentats terroristes
Publié dans Liberté le 24 - 11 - 2003

Les commerçants d'Istanbul, à peine sortis d'une récession économique, craignent de faire les frais de la vague d'attentats qui a secoué la grande métropole financière turque.
"Tout va de mal en pis, surtout en ce qui concerne les touristes étrangers", affirme Tuncay, un bijoutier du marché aux épices, dans le centre historique, bondé en cette veille de semaine de vacances, les Turcs faisant leurs emplettes pour préparer les repas de fête de la fin du ramadan. "Une semaine après, on ressent vraiment les effets", dit-il en montrant de la main sa boutique vide, "c'est terrible".
Istanbul, la grande capitale ottomane, est la plaque tournante du tourisme en Turquie. Treize millions d'étrangers ont visité le pays l'an dernier, rapportant une dizaine de milliards de dollars, soit quelque 5% du produit national brut (PNB) en 2002.
Deux vagues d'attentats suicide, les 15 et 20 novembre, ont fait au moins 53 morts et des centaines de blessés, la première contre des synagogues et la deuxième contre le consulat général de Grande-Bretagne et la banque britannique HSBC. Les sites touristiques ont déjà par le passé été pris pour cibles par les séparatistes kurdes, et à présent, d'autres conflits prélèvent leur lot de morts.
"Depuis la guerre en Irak, c'est de pire en pire", dit Abder, installé devant son étal d'épices et de fruits secs près d'une entrée du marché, construit au 17e siècle, flanquée de gardes de sécurité munis de détecteurs de métaux.
"Les premières bombes, ça allait encore, mais c'est devenu difficile depuis jeudi et ça va devenir pire", lance-t-il.
La Turquie est engagée dans un vaste programme de réformes dicté par le Fonds monétaire international (FMI) avec 16 milliards de dollars de crédit à la clef. Les Etats-Unis ont en outre octroyé en septembre 8,5 milliards de dollars à ce pays, vital pour leurs intérêts stratégiques. Selon des analystes à Merrill Lynch, les attentats ne devraient pas porter un coup trop dur à l'économie, mais s'ils se poursuivaient, les conséquences seraient très néfastes.
"Cela aurait un impact significatif sur la confiance des investisseurs et le secteur du tourisme", soulignait une analyse de la banque la semaine dernière. Dans le dédale des ruelles, derrière le consulat général britannique dans le quartier de Beyoglu, les petits commerçants ont directement souffert. Des badauds passent pour constater les dégâts. Peu achètent. Dans les passages, les boutiques rouvraient timidement ce week-end après plusieurs jours de fermeture.
En fin de journée, au coucher du soleil, tous les vendeurs se retrouvent à de petites tables pour partager le repas de rupture du jeûne. Les deux seuls à pied d'oeuvre sont des vitriers qui se fraient un chemin avec un panneau de verre de 3 mètres brinquebalant sur leurs épaules. Pour eux, les affaires ne sont pas si mauvaises. Mais au milieu des éclats de verre provoqués par les explosions, des signes d'espoir émergent.
"Les affaires n'ont pas été très bonnes ces jours derniers, mais aujourd'hui, c'est reparti", assure Hassan Guler, un libraire. "Les gens ici étaient très pessimistes au départ, mais ça s'améliorera. Car en fait, les Turcs sont optimistes de nature".
Implication d'Al-Qaïda
Les doutes d'Erdogan
Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré, hier, ne “pas être sûr à 100%” de l'implication d'Al-Qaïda dans les attentats de samedi et jeudi derniers à Istanbul, même “s'il est évident qu'ils ont un motif religieux”. “Ces attentats sont-ils le fait du conglomérat Al-Qaïda, de cette holding, ou est-ce le fait d'une autre organisation terroriste, nous n'en sommes pas encore certains à 100%”, a déclaré le Premier ministre turc, interrogé par liaison satellite dans le cadre de l'émission dominicale de la BBC “Breakfast with Frost”. “Mais ce qui est certain c'est que ces attentats ont un motif religieux”, a insisté M. Erdogan, dont les propos étaient traduits depuis l'arabe par un interprète.


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