La rive européenne de la ville du Bosphore a été secouée dans la nuit de lundi à mardi par des déflagrations quasi simultanées qui ont visé des hôtels et un site de stockage de gaz liquéfié. Neuf mois environ après les sanglants attentats de novembre dernier, qui avaient fait une soixantaine de morts et jeté la peur sur la vieille Constantinople, voilà que cette mégapole replonge dans la frayeur. Cette nouvelle série d'explosions intervient au moment où la vie commençait à reprendre son cours normal, avec notamment le retour progressif des touristes. Il faut croire que les commanditaires de ces derniers attentats avaient sans aucun doute comme objectif de réinstaurer le climat de terreur, dans le but évident de bloquer à nouveau la relance du tourisme, l'une des principales sources financières de la Turquie. Ce pays accueille annuellement quatorze millions de touristes, ce qui rapporte pas moins de 13,2 milliards de dollars par an. Les cibles de ces attaques, particulièrement les deux hôtels fréquentés par les touristes étrangers, confirment que le but de ces attentats est de nuire à l'activité touristique. Les services de police ont affirmé que deux personnes, un Turc et un Iranien, ont été tuées, en plus de neuf blessés. Si le bilan est considéré comme relativement pas lourd, il n'en demeure pas moins que l'impact l'est davantage. Les déflagrations quasi simultanées qui ont touché les deux hôtels de la rive européenne d'Istanbul ont été précédées de coups de téléphone anonyme. À peine quelques instants plus tard, deux bombes explosaient dans un centre de stockage de gaz liquéfié, causant des dégâts matériels conséquents. Des fouilles ont été opérées sur les lieux des attentats par les forces de sécurité dans l'espoir de retrouver des engins ou indices supplémentaires à même de faire avancer rapidement l'enquête. Quant aux explosions qui ont eu lieu sur le site de stockage de gaz liquéfié, tout indique que les auteurs de cet acte ont pénétré à l'intérieur des installations où ils ont placé deux bombes. Celles-ci ont explosé à trente minutes d'intervalle, selon les témoignages recueillis. Il n'a pas fallu beaucoup de temps cette fois-ci à la police turque pour orienter ses recherches vers la piste terroriste. Les enseignements tirés des attentats de novembre 2003, qui avaient essentiellement pour cibles les intérêts britanniques et américains, ont été utiles. Le patron de la police stambouliote a confirmé à la presse la piste terroriste en déclarant : “Tout laisse supposer pour l'instant qu'il s'agit d'une attaque terroriste.” Les récentes arrestations opérées par la police turque dans les milieux kurdes de plusieurs activistes de cette cause, qui s'apprêtaient à commettre des attentats terroristes, privilégie la piste kurde. L'ex-PKK, transformé en “Kongra-Gel” a mis fin en juin dernier au cessez-le-feu qu'il observait. Ses responsables ont notamment appelé les touristes étrangers à ne pas se rendre en Turquie. La piste islamiste, dont Al-Qaïda, n'est pas écartée par les enquêteurs. K. A.