Les supporters gambiens affichent un optimisme béat et ne parlent que de la “passe de trois”, à deux jours du match de leur sélection contre l'Algérie, ce mercredi à Banjul, dans le cadre du deuxième tour aller des éliminatoires de la coupe d'Afrique des nations 2013 (CAN 2013) de football. Pour eux, leurs Scorpions vont “mater” une nouvelle fois la sélection algérienne après les deux premières victoires à domicile, en 2007 sur le score de 2 à 1 dans le cadre des éliminatoires de la CAN 2008, et une année plus tard (1-0) dans un match comptant pour les éliminatoires jumelées CAN 2010 et Mondial-2010. à Banjul, où la température avoisine 36°C, les commentaires vont bon train et les supporters ne parlent que du score, ou plutôt de la victoire, des hommes de Peter Bonu Johnson sur les poulains de Vahid Halilhodzic. Dans les mini-estaminets style africain, coincés entre figuiers et bananiers procurant ombre mais pas de fraîcheur, les scores fusent de partout. “Nous respectons beaucoup l'Algérie, alors 1-0, ça nous suffit”, pronostique un jeune Gambien, à peine la vingtaine, en dégustant un jus d'orange. Mais son ami est loin d'être satisfait. “Nous avons gagné 1-0 et 2-1, maintenant je veux un 2-0 !”, lui répond-il en paraissant exigeant envers son équipe nationale tout en donnant rendez-vous aux journalistes algériens après le match pour leur rappeler son “bon pronostic”. Si les vuvuzelas, chères aux Sud-Africains, n'ont pas encore fait leur apparition en Gambie, le plus petit pays africain, les Gambiens restent cependant attachés à leur tam-tam et autres gris-gris qui seront, à coup sûr, présents en force ce mercredi au stade de l'Indépendance de Banjul. Au marché Albert, le cœur battant de la ville, ces “gadgets” sont étalés chez la majorité des vendeurs, et plusieurs adeptes de ces fétiches commencent à s'équiper en prévision du match. “Avec ça, nous gagnerons. Je suis sûr que ça nous portera chance”, lance, tout confiant, un vieil homme en exhibant une sorte de pierre bizarroïde. De quoi avoir des frissons dans le dos. Mobilisation générale Ce match très important pour les deux sélections fait l'actualité en Gambie, où la vie est monotone, sans empêcher cependant les gens d'être souriants et aimables. La venue de l'Algérie, une sélection mondialiste avec tous ses joueurs professionnels évoluant pour certains dans de prestigieux clubs européens, comme l'AC Milan ou Valence, est l'occasion pour tout le pays de sortir de sa torpeur. Ainsi, la mobilisation sera générale mercredi, en témoigne la décision des autorités locales d'accorder la demi-journée aux Gambiens afin de se rendre en force à l'Independence Stadium soutenir les Scorpions. “Le président (Yahya Jammeh) nous a accordé le demi-journée de mercredi pour aller au stade. Je suis très content de sa décision”, s'est exalté, comme un gamin de cinq ans, Ahmed Lamine, un des nombreux taxieurs de Banjul, au volant de sa voiture roulant aux rythmes de musiques africaines. Les Gambiens promettent ainsi de venir de toute cette étroite bande de terre plate qui ne dépasse pas les 50 m d'altitude et est quasi-enclavée par le Sénégal, notamment des régions de Central Rive, North Bank, Lower River et Upper River. Néanmoins, certains d'entre eux essayent de “vendre” leur pays pour encourager les Verts, histoire de soutirer quelques dalasis, la monnaie locale, aux Algériens, notamment les journalistes déjà présents à Banjul. “J'aime beaucoup l'Algérie, c'est une très bonne équipe avec de grands joueurs. Je la supporterai mercredi”, tente de convaincre Mohamed Ibrahim en discutant avec un groupe de journalistes. Ce qui est certain, c'est que la mission des coéquipiers de Djamel Mesbah sera très difficile face à une équipe très accrocheuse à domicile pour ne pas dire agressive, et les Verts doivent bien se préparer, notamment mentalement, pour être prêts le jour J.