Le Premier ministre israélien Ariel Sharon envisage de démanteler des colonies isolées dans les territoires occupés, dans le cadre d'une série de gestes unilatéraux envers les Palestiniens, ont affirmé, hier, les médias en Israël. Les colonies appelées à être démantelées se trouveraient en deçà de la ligne sécuritaire qu'Israël édifie en Cisjordanie ou dans des secteurs dont la défense est difficile à assurer. “Ce plan vise surtout à faciliter la vie aux Israéliens (...) Il s'agit de mesures améliorant nos conditions d'existence et non celles d'autrui, qu'on peut appliquer sans porter préjudice à notre sécurité”, a affirmé M. Sharon, selon le quotidien Maariv. Toujours selon les médias, M. Sharon souhaite relancer les discussions sur l'application de la “Feuille de route”, le dernier plan international de règlement du conflit israélo-palestinien. Il est aussi question de gestes envers les Palestiniens (levée de certains barrages routiers, allègement du bouclage, transfert au contrôle de l'Autorité palestinienne de divers secteurs des territoires occupés et du démantèlement de points d'implantations sauvages. M. Sharon devait procéder dimanche matin avant la réunion hebdomadaire de son cabinet à des consultations sur ce plan avec le “forum des cinq”, une instance restreinte réunissant les ministres Ehud Olmert (Commerce et Industrie), Sylvan Shalom (Affaires étrangères), Shaoul Mofaz (Défense) et Yossef Lapid (Justice). Le plan doit être soumis ce même jour au cabinet, en présence du chef du Shin Beit (sécurité intérieure) Avi Dichter, et présenté ultérieurement au grand public, après son approbation par l'ensemble du cabinet. Les officiels américains ont récemment reproché à M. Sharon d'avoir failli à ses engagements de la “feuille de route” en s'abstenant de geler la colonisation et de démanteler les colonies sauvages créées depuis son accession au pouvoir il y a deux ans et demi. M. Dov Weissglas, chef de cabinet de M. Sharon, doit en outre avoir des entretiens avec divers dirigeants palestiniens en vue d'un sommet entre le Premier ministre israélien et son homologue palestinien Ahmad Qoreï. Selon des proches de M. Qoreï, des responsables palestiniens et israéliens ont préparé samedi une reprise des négociations, notamment une liste d'engagements réciproques, à la suite de propositions américaines visant à remettre sur les rails la “feuille de route”. Le secrétaire d'Etat adjoint américain William Burns a annoncé qu'il se rendrait prochainement dans la région pour relancer ce plan, resté lettre morte. Interrogé à la radio publique à propos du plan en gestation évoqué par M. Sharon, le vice-ministre de l'Education Zvee Hendel, du Parti national religieux d'extrême droite, a estimé que “l'Autorité palestinienne est la plus grande organisation terroriste du monde, et c'est seulement quand ce ne sera plus le cas qu'il y aura matière à discussions”. Le secrétaire général sortant du parti travailliste (opposition) Ofir Pinès a de son côté affirmé à la radio: “Je crois qu'il s'agit de mesures tactiques de M. Sharon visant à gagner du temps et à brouiller les cartes, et non d'une nouvelle stratégie. Mais nous voulons le juger sur ses actes, et s'il fait l'incroyable, nous l'appuierons.”