La discrimination public-privé revient discrètement. À ce jour, les banques privées algériennes ne sont pas tolérées sur le marché monétaire. L'accès aux ressources de ce marché leur est toujours fermé sans que l'autorité monétaire ne manifeste la moindre promptitude pour mettre un terme à une situation d'anarchie où la discrimination privé-public revient discrètement. Pourtant, la responsabilité de la Banque d'Algérie quant à tout déséquilibre ou dysfonctionnement sur ce marché, est pleinement engagée. Loin des regards et dans l'anonymat total, c'est cette même autorité de marché qui est en train de cautionner, sinon de contribuer à jeter le doute sur la transparence et le respect des règles de principe d'une économie de marché. À défaut de pouvoir remettre en cause les acquis en terme d'agréments arrachés par l'institution bancaire privée nationale, la ßanque d'Algérie semble procéder par étouffement en privilégiant la voie la plus discrète et surtout la plus efficace : couper les vivres à la source aux seules banques privées à capitaux nationaux. Il faut rappeler ici que la raison d'être d'un marché monétaire est de permettre à toutes les banques d'échanger des liquidités. Celles qui ont des excédents de trésorerie proposent leurs disponibilités et celles qui manifestent des besoins de trésorerie ont ainsi la possibilité d'emprunter chez leur consœurs. La Banque d'Algérie étant principalement chargée d'assurer le bon déroulement de ces échanges qui se font quotidiennement. À l'opposé du marché financier, qui est un marché de capitaux à long terme, le marché monétaire porte sur des capitaux à court terme. Ici, la banque loue les fonds auprès d'une autre banque afin qu'elle puisse les louer, en définitive, à sa clientèle. La philosophie de ce mécanisme, au demeurant universel, est de permettre aux établissements bancaires de maintenir leurs engagements dans des limites de prudence et surtout d'être mieux confortés dans leur quête de réponses efficaces au financement de l'économie. C'est le centre nerveux de l'architecture bancaire, et justement, c'est là qu'on a choisi de tendre l'embuscade à la banque privée algérienne. Cette dernière sera ainsi tenue de puiser dans ses propres fonds s'engageant même dans un engrenage à risques, puisqu'elle peut être contrainte de dépasser les ratios prudentiels. C'est dire que parmi les quelques banques privées qui activent encore, une seule pratiquement est algérienne et affiche une santé indéniable. Les temps sont difficiles au lendemain de l'énigme Khalifa qu'il serait inconcevable de dissocier de la banque mère, la Banque d'Algérie. Les premières payent pour ce que cette dernière a provoqué et ce n'est qu'après une facture de 2 milliards de dollars de dégâts, que les autorités sursautent par des décisions extrêmes, au demeurant injustifiables. Au contraire, en verrouillant le marché monétaire au risque de provoquer l'étouffement, l'autorité monétaire remet en cause sa propre crédibilité et entraîne dans son “œuvre” le risque Algérie, déjà fortement éprouvé. Il y a là un cas flagrant d'infraction aux règles de base sur lesquelles s'érige le libre jeu de la concurrence. Quand on entend le ministre des Finances, M. Benachenhou, lancer des appels aux établissements privés afin qu'ils s'impliquent davantage dans le financement de l'investissement, on ne peut que s'interroger sur l'opportunité de cette orientation ministérielle, car le premier argentier ne peut ignorer tous les écueils dressés sur le chemin de l'initiative privée. L'appel aurait eu des dividendes certains s'il avait été “placé” en direction de la Banque d'Algérie. A. W.