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Les banques algériennes se méfient de leurs homologues étrangères
FACE AUX SCANDALES ET À LA CRISE FINANCIÈRE MONDIALE
Publié dans Liberté le 08 - 03 - 2009

Fait inédit mais passé sous silence, les banques publiques algériennes sont en train d'adopter une attitude d'extrême prudence vis-à-vis de leurs homologues étrangères.
Qui aurait pensé un jour que nos banques allaient tout simplement se méfier de leurs partenaires étrangères connues pour être des établissements bancaires de premier ordre jouissant d'une valeur sûre et d'un classement indiscutable établi par les plus rigoureuses agences de notation ? C'est dire que la tendance s'est brusquement renversée dans le sens où la méfiance a changé de camp. En effet, depuis l'éclatement de la crise des subprimes et l'annonce des scandales dans les milieux financiers américain et européen, la communauté bancaire algérienne que la tourmente financière mondiale a épargnée — du fait de sa déconnexion — a mis en place une sorte de cellules de suivi chargées de filtrer ses relations d'affaires avec les banques étrangères. La crainte est motivée par la grande inconnue qui pèse sur les noms et l'identité de ces grands groupes bancaires qui n'ont pas totalement annoncé leurs pertes engendrées par la crise. Et pas seulement puisqu'en plus de la panique liée à la crise, l'autre incertitude vient encore déstabiliser le marché au lendemain de la découverte de manœuvres frauduleuses signées par Madoff, et encore d'autres courtiers qui ont causé des préjudices partiellement estimés qui se chiffrent en centaines de milliards de dollars. Société Générale, bnp paribas, Citi Bank, l'espagnole Santander et d'autres banques arabes de dimension mondiale, autant de noms engagés dans la tourmente, qui suscitent réflexion et surtout qui ont été suffisamment convaincants pour inciter les banques algériennes à réviser leur mode opératoire dans leur relation sur l'international, et ce, à l'occasion des multiples opérations de commerce extérieur qu'elles ont à traiter quotidiennement. Pas question donc de prendre le moindre risque. Cela s'est traduit dans la pratique par une autre orientation du mouvement d'affaires que nos banques confient désormais à leurs homologues en prenant soin d'éviter autant que possible de passer par des établissements susceptibles d'avoir été de quelque manière que ce soit, touchés ou sur le point de l'être par la crise, les fraudes et les scandales. Car, au jour d'aujourd'hui, tout n'a pas été encore révélé sur les réels préjudices et les noms définitifs de ces victimes. En conséquence, nos banques de la place ont jeté leur dévolu sur des établissemnts bancaires où la partie algérienne est partie prenante dans le portefeuille à l'instar de l'UBAF ou de la BIA qui se voient gratifiées d'un mouvement d'affaires conséquent, notamment dans ce qui a trait aux lettres de crédit, garanties bancaires et couvertures pour règlements. Il est utile de rappeler que cette démarche prudentielle est en train de bouleverser toute la composante des correspondants bancaires étrangers qui avaient coutume de travailler avec les banques publiques algériennes en jouissant d'une place de choix dans ses relations. Mais aujourd'hui pour les banquiers algériens, pas question de courir le moindre risque car l'effet surprise peut à tout moment surgir dans ce climat de méfiance qui vient de l'autre côté, c'est-à-dire d'un monde financier que l'on disait sécurisé et entouré des meilleurs apports technologiques. Au plan interne, cette méfiance est visible sur le marché monétaire. Pratiquement toutes les banques publiques algériennes semblent s'être donné le mot pour s'interdire toute relation engageante avec les banques privées installées en Algérie. Elles leur ont pratiquement fermé l'accès à la ressource sur un marché censé être ouvert et régulé par la Banque d'Algérie. En conséquence, sur le marché monétaire algérien, les banques privées et à leur tête BNP Paribas et Société Générale peinent à emprunter des fonds publics émis par leurs homologues publiques qui préfèrent travailler exclusivement entre elles. C'est une exclusion que les banquiers publics justifient par une prudence nécessaire et une liberté de gestion dans un climat de concurrence et dans une ambiance bancaire mondiale qui dicte des mesures dites de sauvegarde.
A. A.


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