Mis en place, initialement, à l'effet de booster la dynamique du marché de l'emploi en Algérie, puis, depuis le début 2011 “pour acheter la paix sociale” dans un contexte en ébullition marqué par le vent de révolte qui a soufflé sur le monde arabe, les différents dispositifs d'aide à la création de nouvelles entités économiques, communément appelées micro-entreprises, ne cessent plutôt de produire un nouveau genre de chômeurs déguisés sous leur statut de chefs d'entreprise et croulant sous des dettes parfois impossibles à rembourser. Depuis leur mise sur pied, les différents dispositifs d'aide à la création de ces micro-entreprises, à savoir la Cnac, l'Ansej et l'Angem, n'ont jamais arrêté de susciter l'engouement chez les jeunes diplômés qui, encore dans leur statut de chômeurs, se voyaient déjà dans la peau de chefs d'entreprise, mais aujourd'hui, c'est une sorte de retour de manivelle de cette arsenal d'aide à la création de son propre emploi que des centaines, voire des milliers, de jeunes promoteurs révèlent au grand jour. En ce sens, le rapport établi par le collectif des promoteurs de la wilaya de Tizi Ouzou est aussi poignant que révélateur de ce marasme dans lequel patauge la grande majorité d'entre eux. Si des cas de réussite ne sont pas à occulter, la majorité de ces promoteurs risquent tout bonnement de mettre la clef sous le paillasson. “Le constat est amer, des milliers de petites entreprises dont les promoteurs souffrent le martyre sont plus que jamais menacées par le spectre de la faillite si aucune mesure d'encadrement ne vienne les accompagner”, est-il souligné dans le rapport de l'assemblée générale du collectif des promoteurs de Tizi Ouzou qui énumèrent une longue liste de raisons qui sont à l'origine de leur situation. “Parmi les entraves qui freinent l'évolution de ces frêles entités, figure en tête le marché qui est sous l'emprise de la bureaucratie et la corruption qui tendent leurs tentacules sur tous les secteurs de la vie économique du pays”, lit-on dans le rapport en question. De multiples autres raisons qui empêchent l'épanouissement de la micro-entreprise sont également énumérées sous deux volets dont le premier est lié à l'environnement de travail défavorable et le second à l'état financier des micro-entreprises. À ce titre, les jeunes promoteurs jugent que les marchés publics restent loin de la portée de la micro-entreprise en raison des conditions requises en matière de qualification et de la faiblesse de l'apport du fonds de roulement pour financer le cycle d'exploitation ainsi que des études techniques et économiques établies par les dispositifs concernés qui ne tiennent pas compte des variations des prix d'achat du matériel, véhicules et matière première et qui restent inefficaces. L'absence d'études sérieuses du marché du travail, la défaillance notable des études techniques et économiques, l'absence d'accompagnement, d'information et orientation auxquelles s'ajoutent le harcèlement des banques et un marché de la sous-traitance escamoté par des spéculateurs sont entre autres raisons à l'origine des déboires des jeunes promoteurs qui après les longues péripéties vécues avant de concrétiser leur projets font face à présent à une situation qu'ils qualifient de désastreuse. “Evoluant dans un environnement aussi hostile avec des indices financiers désastreux, la disparition des micro-entreprises est inévitable”, alertent ces promoteurs qui motivent cette prévision par, notamment, les énormes difficultés à respecter leurs tableaux d'échéanciers, le manque de liquidités pour financer le cycle d'exploitation et les retards dans le traitement de leurs dossiers par les banques qui donnent lieu à des intérêts intercalaires. En ce sens les rédacteurs du rapport soulignent que si les experts estiment à 50% le taux de mortalité des très petites entreprises sur le territoire national, à Tizi Ouzou, la situation est encore plus dramatique. Pour ces promoteurs, la création d'un environnement favorable à l'épanouissement des micro-entreprises passe inéluctablement par la prise en charge de leurs doléances présentées sous forme de revendications. La prorogation de la durée de l'exonération d'impôt et du remboursement des échéanciers bancaires, la bonification des taux d'intérêt, la suppression des pénalités de retard, l'accès au rééchelonnement de la dette sans variation du taux d'intérêt bonifié, la calorisation des études technico-économiques et surtout l'arrêt du harcèlement par les banques sont quelques-unes des 14 revendications exprimées par les jeunes promoteurs de Tizi Ouzou. S L