“Démocrate de fraîche date, Wesley Clark est un politicien débutant qui s'est lancé tardivement dans la course présidentielle et laisse parfois le public incertain quant à ses positions”, commente Thomas Mann, un expert de la Brookings Institution, un institut privé de recherches de Washington. S'il critique aujourd'hui ouvertement la décision de George W. Bush d'avoir lancé une guerre en Irak, ses premières déclarations au début de sa campagne avaient été contradictoires. Il avait ainsi dit que s'il avait été parlementaire, il “aurait probablement voté” pour la résolution au Congrès ayant donné l'autorité au président républicain américain de recourir à la force. Il était ensuite revenu sur ses propos. En dépit de ratés dans la création de son état-major formé notamment d'anciens conseillers d'Al Gore et de Bill Clinton, dont il est proche, Wesley Clark a des atouts pour être choisi afin d'affronter en novembre 2004 Bush. “Il est brillant, plaisant et conduit nombre de démocrates à le voir comme un candidat solide pouvant battre George W. Bush”, estime M. Mann. “Il m'a beaucoup impressionné”, confirme l'un d'entre eux, Bill Moore, professeur à l'Université de Plymouth dans le New Hampshire (nord-est) à l'issue d'une récente intervention dans cette ville de Wesley Clark devant des étudiants. L'une des premières primaires pour l'investiture démocrate se tiendra le 27 janvier dans cet Etat. “Wesley Clark a une très grande expérience en politique étrangère et il est très à l'aise sur ces questions”, poursuit Bill Moore, ajoutant qu'“il exprime de façon très convaincante ses critiques de la politique en Irak de Bush”. Son expérience d'ancien commandant suprême des forces alliées en Europe et de vainqueur de la guerre du Kosovo (1999) lui confère un crédit incontestable en matière de sécurité nationale, l'un des points forts des républicains et de Bush depuis les attentats du 11 septembre 2001, relève Dennis Goldford, professeur de sciences politiques à l'Université Drake à Des Moines (Iowa). Un récent sondage Time-CNN indique que si l'élection présidentielle avait lieu aujourd'hui, Clark ferait le meilleur score parmi les cinq principaux candidats démocrates avec 42% de votes favorables contre 49% pour Bush. En cas de duel entre le président sortant et l'ancien gouverneur du Vermont Howard Dean, ce dernier n'obtiendrait que 39% des votes contre 52% à Bush. Dans tous les cas de figure, le candidat républicain l'emporterait face à un démocrate, selon ce sondage. L'objectif de Wesley Clark est de devenir une alternative à Howard Dean que les démocrates centristes estiment trop à gauche pour avoir une chance de battre George W. Bush, explique l'entourage de l'ancien général. Pour atteindre ce but, son état-major voit les primaires dans le sud conservateur comme un champ de bataille déterminant. “Nous pensons que nous pouvons bien réussir dans le sud face à Dean, les électeurs cherchent un leader qui peut gagner en novembre 2004”, explique Chris Lehane, l'un des conseillers de Wesley Clark et ancien porte-parole d'Al Gore.