La première alliance électorale est née. Et, sans surprise, elle est islamiste. Le MSP, Ennahda et El-Islah ont fini par s'entendre sur un minimum syndical pour se présenter unis pour les législatives du 10 mai. Mais cette alliance verte est-elle mûre pour gagner ? “Alliance de l'Algérie verte”. C'est le nom générique de ce nouveau pôle islamiste qui vient de faire la démonstration que les islamistes peuvent s'entendre entre eux sur autre chose que sur la manière de faire leurs ablutions. Une alliance dont la composante est majoritairement dominée par le MSP qui s'est engouffré, tête baissée, vers des listes communes avec des partis qui ne pèsent plus grand-chose sur le terrain. Car, depuis la fondation du parti de Mahfoud Nahnah, jamais le MSP n'avait été aussi près de concrétiser une victoire électorale. Soltani avait promis que 2012 serait un grand cru sans imaginer, un seul instant, que les soubresauts du Printemps arabe, où bourgeonnent les islamistes, allaient donner un semblant de crédibilité à ses prédictions. Ceci pour l'hypothèse. Dans la réalité, le MSP vient de réaliser une opération politique qui est loin d'être parfaite. D'abord, le MSP change de nom pour la quatrième fois (El-Islah oua El-Irchad, puis le mouvement Hamas, puis le MSP et maintenant l'Alliance de l'Algérie verte), prenant le risque, à moins de trois mois d'une élection importante, de dérouter sa base, ses militants et ses sympathisants. Ensuite, le MSP se lie, d'un contrat électoral, avec deux micro-partis en ruine, El-Islah et Ennahda, laissés en location-vente par Djaballah et vidés de leur substance. Enfin, le MSP se détourne, pour des raisons d'ego surdimensionné, de deux autres ailes islamistes lourdes que sont les partis de Djaballah, précisément, et du transfuge Menasra que certains rêvent de voir unis et dont la dernière chance de l'être vient de s'envoler. Ainsi, “l'Alliance pour une Algérie verte” semble accoucher d'une stratégie aussi ridicule que le nom lui-même. On sait que les islamistes aiment cette couleur mais s'avèrent mauvais en marketing. Elle symbolise le Paradis, ou le drapeau saoudien, c'est selon, renvoie au “livre vert” de Kadhafi, aux écologistes, à l'équipe nationale ou, plus inquiétant, au… barrage vert qui risque de se concrétiser le 10 mai prochain. M. B.