Même avec le lourd poids de l'incertitude qui plane sur la consultation, les élections législatives de mai prochain annoncent d'ores et déjà une nouveauté. Trois partis politiques, d'obédience islamiste, ont scellé depuis hier une alliance sous laquelle ils présenteront des listes communes. Durant la campagne, comme avant, il n'y aura point donc de MSP de Bouguerra Soltani, ni d'El Islah de Hamaloui Akkouchi, ni d'Ennahda de Fateh Rebaï. Les trois partis vont jouer désormais en mode collectif avec un grand espoir de former une équipe qui gagne des scrutins. A commencer par la joute la plus proche. Les trois formations viennent de signer la naissance d'une coalition dénommée : l'Algérie verte. Ce qui n'est pas fait pour plaire à ceux qui sont, par nécessité professionnelle ou militante, tenus de se souvenir d'une multitude de nouveaux sigles. C'est d'autant plus compliqué en cette saison marquée par un arrivage record de partis politiques. Passons sur cet exercice de recensement des nouveau-nés d'une agitation politique à faible espérance de vie… politique. Il est ainsi frappant de remarquer que sitôt une Alliance a été décrétée morte, qu'une autre voit le jour. La première est gouvernementale par définition et présidentielle quand cela pouvait rapporter quelques privilèges et autres promotions. La seconde, la naissante, est beaucoup plus idéologique avec un objectif parlementaire pour le court terme. Dans ce qui peut être le chapitre des différences, il faut noter que la coalition de L'Algérie verte (AV) est exclusivement islamiste. Contrairement à la défunte, qui était, elle, composée de trois partis de diverses références doctrinales si, bien entendu, le RND en a une. Entre l'Alliance présidentielle et la coalition de L'Algérie verte, il y a un élément commun : le MSP. Avec néanmoins cette différence que le parti de Soltani va confectionner des listes communes en compagnie d'El Islah et d'Ennahda. Sans doute, la déception fut grande au sein de la nouvelle alliance, de ce trio qui n'a pas pu faire rallier Djaballah à la cause. Ce qui serait un paradoxe dans la mesure où Djaballah fut le fondateur des deux partis - Ennahda et El Islah - aujourd'hui alliés du MSP. Ces trahisons de parcours n'ont pas gêné le secrétaire général d'Ennahda pour clamer, au moment de pactiser, que «c'est la concrétisation d'un rêve caressé depuis longtemps par les islamistes». Pour Soltani, ancien membre de l'ancienne alliance gouvernementale, «la constitution de cette coalition est une nouvelle ère qui s'ouvre pour aller vers des alliances de familles politiques en dépassant les visions partisanes» (sic). A l'évidence, cette alliance n'est pas de nature à hisser le débat politique constamment appauvri. Née dans un contexte électoraliste, où les effets de conjonctures prennent le dessus sur les stratégies de luttes, l'Alliance verte risque de ne pas faire mieux que L'Alliance présidentielle. Une alliance qui n'émane pas d'une accumulation des luttes militantes est condamnée à vivre au rythme de luttes plutôt internes que politiques. A. Y.