Le nouveau président du parti s'est dit conscient de la difficulté de sa mission. Pour lui, remplacer Saïd Sadi n'est pas chose aisée, mais il fait la promesse que le RCD restera à l'avant-garde du combat pour le changement démocratique. C'est dans une atmosphère empreinte de convivialité que le passage de témoin s'est fait hier au RCD. Et c'est un jeune militant qui a fait toutes ses classes au sein du RCD qui vient de succéder à Saïd Sadi. Jusqu'ici porte-parole et responsable de la communication du RCD, Mohcine Belabbas, 42 ans, vient d'être élu à une écrasante majorité par les congressistes. Il faut dire qu'il a été l'unique candidat et personne n'a voulu croiser le fer avec lui, malgré l'insistance du président du congrès. À peine M. Belabbas élu que des “Mohcine, président !” fusaient dans toute la salle. Les militants se précipitaient alors vers les premiers rangs pour féliciter le désormais ancien président du RCD et son successeur. À l'ouverture, vendredi, du IVe congrès du parti, Saïd Sadi a annoncé sa décision de ne pas se représenter pour laisser la place aux jeunes. “Avec une conscience sereine et une pleine confiance en l'avenir, je vous annonce ma décision de ne pas me représenter au poste de président du RCD. J'ai longuement réfléchi, je m'en suis ouvert aux membres de la direction. Il est temps que les compétences formées dans et par le parti s'expriment et s'accomplissent”, a-t-il annoncé dans son discours à l'ouverture de ces IVes assises qui, du coup, prennent une dimension historique. C'est désormais chose faite. Il faut dire que Sadi avait pris les devants, il y a de cela plusieurs années, en nommant à des postes de responsabilité de premier plan des jeunes cadres issus de la base militante. Dans une déclaration à la presse, M. Belabbas s'est dit conscient de la difficulté de la mission que les militants viennent de lui confier. Pour lui, remplacer Saïd Sadi n'est pas chose aisée, mais il fait la promesse que le RCD restera à l'avant-garde de tous les combats et demeurera toujours dans l'opposition jusqu'à ce qu'il y ait changement dans le pays. Pour sa part, Saïd Sadi a assuré qu'il se retirait de la présidence de son parti avec “le sentiment du devoir accompli”. “Il n'y a pas d'homme d'exception en politique, il n'y a que des hommes qui ont des convictions, qui font ce qu'ils doivent faire parce que le pays le leur demande et qui savent que chaque génération a sa mission”, explique-t-il, avant d'ajouter : “Je pense pouvoir être utile au pays sur d'autres registres.” La conviction de Saïd Sadi est que le RCD, pépinière de cadres, recèle beaucoup de compétences qui peuvent le maintenir sur la voie qu'il a tracée afin d'accomplir ses missions historiques. “La boutique est solide”, rassure-t-il. “S'agissant du fonctionnement politique et de la gestion organique, il y a au RCD de quoi faire fonctionner 10, 20, 30 partis politiques”, renchérit-il. “Malgré la répression de tout instant, malgré une politique dégénérée du pouvoir, malgré un régime qui a toujours sollicité, encouragé et couvert la corruption, nous avons réussi à former une génération d'élite politique qui sera la fierté de l'Algérie de demain”, se félicite-t-il encore. En se retirant de la présidence de son parti, Saïd Sadi veut faire œuvre de pédagogie dans le but d'instaurer de nouvelles traditions politiques. “Il est impératif que notre génération laisse la voie pour ne pas commettre les mêmes erreurs que la génération qui l'a précédée. Dans d'autres pays, chaque génération sert celle qui la suit. Chez nous, on a fait l'inverse”, déplore-t-il. De son point de vue, la génération de Novembre dont l'âge variait alors entre 30 et 40 ans n'a pu accomplir sa mission de libérer le pays du joug du colonialisme qu'en réussissant à bousculer trois choses : les habitudes, le zaïmisme et la tutelle politique. Bio-express Pur produit du RCD, Mohcine Belabbas fait partie de la jeune garde qui est aujourd'hui aux commandes du parti. C'est en 1989, à la création du RCD, qu'il a fait ses premiers pas dans la politique comme militant de base alors qu'il était étudiant à l'université de Bab-Ezzouar. Avec d'autres militants de son parti, il a investi le Rassemblement patriotique national (RPN) que venait de créer Mohamed Boudiaf, et ce, quelques mois avant son assassinat. Il a été l'un des membres fondateurs du Syndicat autonome des étudiants démocrates (Saed) dont il sera président. Au début des années 2000, il a été nommé président du bureau régional du RCD d'Alger avant d'intégrer, quelques années plus tard, la direction du parti. Il devait ensuite gérer la communication du parti puis assurer sa coordination avant de se voir désigner porte-parole du RCD. En 2007, il a été élu député de la wilaya d'Alger. À 42 ans à peine, Mohcine Belabbas a aujourd'hui l'âge qu'avait Saïd Sadi à la création du RCD en 1989. Il est désormais le plus jeune président d'un parti politique algérien. Comme Saïd Sadi, il y a 23 ans. Tout un message. Tout un programme. A C.