Les amoureux du 4e art se sont déplacés en masse au théâtre régional Kateb-Yacine de Tizi Ouzou, pour assister à la présentation de la pièce théâtrale Souk Ensa (le marché des femmes), une production théâtrale de la Coopérative Milef du théâtre et des arts de spectacles de Sétif. Ce spectacle donné par deux comédiens, en l'occurrence Tarik Arab et Aziza Maâref, aura connu un assez beau succès jeudi dernier à Tizi Ouzou. Mise en scène par le producteur Mounir Boumerdès, cette pièce jouée sur le registre de l'absurde met en relief un couple composé du mari, Abbas, chômeur de son état, et son épouse, Fatima, une femme au foyer illettrée. Le mari a décidé de créer une association de chômeurs. Selon lui, la solution est en fait de marier un chômeur à quatre femmes, deux femmes qui travaillent et deux autres femmes au foyer afin que les deux premières puissent travailler et nourrir les autres. “Notre pièce est inscrite dans le registre de la comédie noire, car elle porte en elle beaucoup de sous-titres et de codes. Mon but n'est pas de faire passer des messages à travers ma pièce, ni même de trouver une solution au problème. Mon travail consiste à poser une problématique et laisser les gens trouver une solution”, a déclaré M. Boumerdès, visiblement très satisfait de l'accueil chaleureux qui a été réservé à sa troupe par le public de Tizi Ouzou. Vendredi, c'est la belle équipe Imnayen (les Chevaliers) de l'association culturelle Taourirt- Mokrane de Larbâa Nath Irathen qui a rendu un vibrant hommage à tous les journalistes algériens et étrangers assassinés en Algérie durant la décennie noire. Un témoignage réalisé à travers un très beau spectacle intitulé Takna (la rivale). La Rivale trouve son essence dans Nedjma, cette femme espérée. Le personnage principal, Ghenima, est l'épouse de Achour, un jeune journaliste tué le jour même de son mariage. Le délire et la folie s'emparent de cette femme dont la robe blanche est finalement entachée d'un sang innocent, celui d'un ultime amour abattu. La conscience et la raison de Ghenima trouvent refuge derrière un métier à tisser auquel est accroché un burnous blanc inachevé. “Mais quelle est cette rivale-patrie qui lui a pris tout à son détriment ?”, “pourquoi ce choix de Achour, mourir pour Nedjma ?”, s'interroge la veuve. Comment faire renaître Nedjma de Ghenima ? Ni les galons d'un chef qui voulait s'emparer d'elle de force en l'arrachant à ses parents, ni le discours d'un cheikh qui fait reculer les djinns ne pourront prendre possession de cette madone et l'arracher à l'âme de Achour. Samira BOUABDELLAH / K. Tighilt