Le cessez-le-feu historique intervenu entre l'Inde et le Pakistan au Cachemire a été respecté, hier, pour sa première journée, suscitant des espoirs de paix dans la province disputée par les deux rivaux nucléaires. Mais la guérilla séparatiste musulmane s'est poursuivie dans la partie indienne du Cachemire où quatre militants ont été tués, tandis qu'au Pakistan, des groupes islamiques appelaient à la poursuite des opérations. Aucun tir d'artillerie ni échanges de coups de feu n'ont été enregistrés à la frontière depuis mardi minuit, début du cessez-le-feu, a affirmé la police indienne à Jammu, au Cachemire indien. “Jusqu'à présent, tout a été silencieux. Il n'y a pas de coups de feu après minuit. Ça tient depuis”, a déclaré de son côté, à Islamabad, un porte-parole de l'armée pakistanaise, le général Shaukat Sultan. “Nous espérons que cela tienne et que les Indiens fassent un nouveau pas vers le dialogue”, a-t-il ajouté. Selon un porte-parole de l'armée indienne, des membres des forces indiennes postées à la frontière ont offert, hier, des sucreries à leurs vis-à-vis pakistanais en l'honneur de l'Aïd El-Fitr, fête marquant la fin du ramadan, le mois de jeûne musulman. Le cessez-le-feu, qui a été proposé dimanche dernier par le Pakistan et accepté mardi par l'Inde, est le premier bilatéral depuis le déclenchement de l'insurrection islamique au Cachemire indien il y a 14 ans. Il a mis fin, au moins provisoirement, aux duels d'artillerie réguliers à la frontière entre les armées indienne et pakistanaise. Mais il ne concerne pas la guérilla islamique séparatiste. Le Cachemire est une région de l'Himalaya, peuplée en majorité de musulmans, et divisée depuis 1947 entre l'Inde, qui en contrôle les deux tiers, et le Pakistan, qui en contrôle un tiers. Une violente rébellion musulmane s'y poursuit depuis 1989 du côté indien. Elle a déjà fait environ 40 000 morts, selon l'Inde, et de 80 à 100 000, selon le Pakistan. La trêve relance les espoirs de paix entre les deux grands rivaux d'Asie du Sud. Le gouvernement indien a, cependant, averti le Pakistan qu'il ferait tirer sur les militants islamistes qui tenteraient de s'infiltrer du Pakistan pour prendre part à la rébellion séparatiste. Quatre rebelles islamiques ont été tués hier au Cachemire indien, quelques heures après l'entrée en vigueur du cessez-le-feu, a déclaré la police indienne. Des policiers et miliciens ont abattu trois guérilleros dans un échange de coups de feu à Palnar, dans le district de Kupwara, dans le nord du territoire disputé. Les militants appartenaient au principal groupe rebelle, le Hizbul Mujahedin, pro-pakistanais. Un quatrième militant a été tué dans le même district lors d'un autre incident. De son côté, le groupe a qualifié la trêve de “mesures cosmétiques et transitoires”. Ce “soulagement ne peut être que temporaire tant que le problème de fond ne sera pas réglé en accord avec les aspirations de la population cachemirie”, a déclaré le porte-parole du Hizbul Mujahedin, interrogé depuis Muzaffarabad, capitale de la partie pakistanaise du Cachemire. “Le cessez-le-feu concerne les deux armées mais pas les moudjahidine”, a dit Salim Hashmi. “La situation dans le territoire est tendue et la lutte va se poursuivre sans relâche”, a-t-il assuré. L'un des plus importants groupes islamistes pakistanais a également appelé à la poursuite du jihad (guerre sainte) au Cachemire. “Nous n'arrêterons sur les ordres de personne”, a affirmé Hafiz Saeed, leader de l'organisation Jamaat-ud Dawa, à Lahore (Pakistan) lors de la grande prière de l'Aïd El-Fitr. R. I. / Agences