L'Inde et le Pakistan sont, apparemment, résolus à enterrer leur hache de guerre. Après l'acceptation par les deux pays en janvier dernier de régler leur différend autour de la table des négociations, voici que l'Inde prend langue avec la rébellion du Cachemire, objet de litige avec le Pakistan. Le Premier ministre indien, Manmohan Singh, a tendu la main aux groupes rebelles du Cachemire soutenus par Islamabad, leur proposant des discussions directes sans conditions, tout en affirmant sa détermination de poursuivre le processus de paix avec ses voisins pakistanais, dont il a jugé positivement les résultats. Cette annonce est d'autant plus sérieuse que le Premier ministre indien l'a annoncé au cours des festivités commérant les 100 jours de son gouvernement. “Nous voulons parler à tous les éléments au Cachemire qui ne sont pas représentés à l'Assemblée de l'Etat”, a-t-il déclaré, en précisant : “Tous les groupes, que ce soit au Jammu-et-Cachemire ou dans le Nord-Est, sont les bienvenus pour des discussions sans conditions préalables.” L'Inde, qui a remis en selle le parti de Mme Ghandi, a abandonné la condition selon laquelle les rebelles devaient au préalable déposer les armes. En contrepartie, elle a espéré que les groupes concernés abandonneront dorénavant la voie de la violence. Le Cachemire, région frontalière avec le Pakistan, est en proie depuis 1989 à une rébellion armée de groupes séparatistes musulmans qui a fait au moins 40 000 morts, selon les chiffres officiels, plus du double, selon la rébellion. Dans le nord-est de l'Inde, une trentaine de groupes armés se battent pour une plus grande autonomie, et New Delhi accuse Islamabad d'être derrière ces mouvements. Ce qui n'est pas faux. Un dialogue historique s'était ouvert en janvier quand le gouvernement nationaliste hindou de l'époque avait reçu des chefs séparatistes musulmans du Cachemire. Mais après l'arrivée du nouveau gouvernement de coalition menée par le parti du Congrès, les séparatistes avaient refusé de poursuivre les discussions tant qu'il y aurait des conditions. Le Premier ministre indien a tendu sa main, alors que les ministres des Affaires étrangères de l'Inde et du Pakistan doivent poursuivre aujourd'hui lundi à New Delhi les premières discussions à un niveau ministériel sur la question du Cachemire en trois ans. Mais, a averti le Premier ministre, le dialogue ne peut avancer que si le terrorisme est contrôlé, évoquant l'inquiétude de son gouvernement sur la poursuite d'infiltration depuis le Pakistan de séparatistes armés au Cachemire, relevant également qu'il y a eu une diminution du flot d'infiltration. L'Inde accuse le Pakistan d'armer les militants islamistes et de les envoyer au Cachemire, alors qu'Islamabad affirme n'apporter à ces groupes qu'un soutien moral et politique. Les deux pays revendiquent l'intégralité du Cachemire, divisé depuis la partition de 1947, et objet de deux des trois guerres qui les ont opposés. Le long rapprochement entre les deux puissances nucléaires rivales a commencé en avril 2003, et Singh devrait rencontrer le président pakistanais Musharraf à la fin du mois aux Etats-Unis en marge de l'Assemblée générale de l'ONU. D. B.