Le Premier ministre indien, Atal Behari Vajpayee, a annoncé hier le rétablissement de relations diplomatiques complètes entre l'Inde et le Pakistan, ainsi que la reprise des liaisons aériennes entre les deux pays voisins et rivaux de toujours. M. Vajpayee a fait cette annonce spectaculaire au Parlement, mais il a écarté toute médiation internationale sur l'épineuse question du Cachemire qui divise l'Inde et le Pakistan depuis plus d'un demi-siècle, alors que le secrétaire d'Etat adjoint américain, Richard Armitage, est attendu dans la région la semaine prochaine. L'Inde a “décidé de désigner un haut commissaire (ambassadeur) au Pakistan et de rétablir les liaisons de l'aviation civile sur une base réciproque”, a dit le Premier ministre devant la Chambre basse. “Nous sommes engagés en vue d'une amélioration des relations avec le Pakistan et sommes désireux de saisir toutes les opportunités pour parvenir à cette fin”, a-t-il ajouté. Le chef du gouvernement indien a cependant réaffirmé la nécessité de “créer une atmosphère propice pour un dialogue soutenu qui exige nécessairement la fin du terrorisme transfrontalier et le démantèlement de son infrastructure”. L'Inde accuse régulièrement le Pakistan d'alimenter les violences séparatistes, en particulier au Cachemire, seul Etat de l'Union indienne dont la population est majoritairement musulmane. Le Pakistan rejette ces accusations mais admet soutenir politiquement la “juste lutte d'autodétermination” des Cachemiris. L'Inde et le Pakistan, qui ont été en guerre à plusieurs reprises depuis la partition de 1947, revendiquent tous deux le contrôle total du Cachemire, territoire himalayen divisé et en proie à de sérieux troubles depuis 1989. L'année dernière, les deux pays, qui disposent de l'arme nucléaire, s'étaient retrouvés au bord d'un nouveau conflit armé à la suite d'une série d'attaques terroristes au Cachemire. Hier, le Premier ministre indien a, une nouvelle fois, rejeté la demande du Pakistan — soutenue par certains membres de l'administration américaine — en vue d'une médiation internationale sur le Cachemire. “Il y a des gens ici ou là qui veulent entreprendre une médiation. Pourquoi veulent-ils faire cela ? Ce n'est pas clair. Le Pakistan est une question bilatérale. C'est pourquoi il n'y a aucune nécessité de médiation d'une tierce partie”, a dit M. Vajpayee. L'Inde avait rappelé son ambassadeur et réduit son personnel diplomatique au Pakistan à la suite d'une attaque suicide contre le Parlement de New Delhi en décembre 2001, qui avait été attribuée à un commando islamiste venu du Pakistan. A l'occasion de ces tensions, les deux pays avaient également suspendu les liaisons aériennes.