N'ayant pu mettre la main sur les principaux dirigeants de l'ancien régime irakien, l'armée américaine continue à arrêter leurs parents et assistants, comme c'est le cas avec l'épouse et la fille du bras droit de Saddam, Ezzat Ibrahim. Ezzat Ibrahim, 61 ans, accusé par les forces américaines d'être le cerveau des attaques contre la coalition, est le plus haut responsable du régime encore en fuite, mis à part Saddam Hussein dont la tête est mise à prix pour 25 millions de dollars. La coalition américano-britannique a offert, il y a une semaine, 10 millions de dollars pour sa capture. Selon le porte-parole de la 4e division d'infanterie, Bill Mac Donald, les deux femmes, ainsi que le fils du médecin de Ezzat Ibrahim, qui a pris deux épouses, ont été arrêtés mardi à Samarra, au nord de Bagdad. “Les soldats de l'Ironhorse Force ont obtenu des informations indiquant qu'une femme et des partisans d'Ezzat Ibrahim Al-Douri se cachaient à Samarra”, a dit le colonel Mac Donald. “Les troupes ont mené un raid contre le bâtiment et arrêté la femme de Douri, sa fille et le fils de son médecin.” Tous trois sont détenus et interrogés, a-t-il poursuivi, soulignant n'avoir “aucune information sur la présence de Douri dans les parages”. Ezzat Ibrahim, l'ancien vice-président du Conseil de commandement de la révolution, est accusé par les Etats-Unis de soutenir les opposants à l'occupation contre lesquels les troupes américaines mènent une traque sans merci. Dans le cadre de cette traque, une centaine de soldats de la 82e Division aéroportée de l'armée américaine ont lancé une importante opération de perquisition sur la route de Najaf, au sud de Bagdad, saisissant des roquettes anti-char, des armes et des mortiers, selon un capitaine américain. Sur un autre plan, le chef de la diplomatie britannique, dont la visite surprise de deux jours n'avait pas été annoncée pour des raisons de sécurité, a estimé, lors d'une conférence de presse de 10 minutes, que la violence en Irak diminuerait avec le transfert graduel du pouvoir aux Irakiens. “Bien entendu, tout le monde est conscient qu'il existe des problèmes de sécurité et moi, je n'ai jamais pensé sous-estimer ceux-ci”, a déclaré M. Straw, qui est arrivé mardi soir à Bagdad et doit se rendre à Bassorah (sud), une zone administrée par les forces d'occupation britanniques. “Mais selon ce que l'on me dit et je le crois, la vie, pour un grand nombre de gens en Irak, est considérablement meilleure s'agissant de leur niveau de vie, et ce sera encore infiniment mieux lorsque nous parviendrons à surmonter la situation sécuritaire”, a-t-il poursuivi. “L'un des moyens cruciaux pour garantir cela, c'est d'assurer un transfert le plus rapidement possible du pouvoir” aux Irakiens, a ajouté M. Straw, qui a discuté avec des membres du Conseil de gouvernement transitoire irakien “du processus de transition”. Le 15 novembre, le Conseil de gouvernement a signé un accord avec l'administrateur civil américain, Paul Bremer, prévoyant le transfert du pouvoir aux Irakiens à la mi-2004 et l'élection au suffrage universel d'une assemblée constituante avant décembre 2005. Aux termes de l'accord, l'armée américaine resterait en Irak aussi longtemps que la sécurité ne sera pas assurée. Mais mardi, le plus haut dignitaire chiite d'Irak, le grand ayatollah Ali Sistani, a émis des réserves sur l'accord, selon Abdel Aziz Hakim, président du Conseil suprême de la révolution islamique en Irak (CSRII) et membre du Conseil de gouvernement. “L'ayatollah Sistani a émis des réserves sur ce document et a dit que celui-ci ne donnait aucun rôle au peuple irakien et devait donc être réexaminé”, a déclaré M. Hakim après une rencontre avec lui à Najaf. Le CSRII a aussi exprimé des réserves.