Les jours se suivent et se ressemblent depuis une année et demie en Irak où le quotidien est fait de peur, d'attaques et de fracas de bombes. La preuve est administrée chaque jour que la fin de la guerre proclamée par le président américain George W. Bush le 1er mai 2003, est une cruelle désillusion. Les soldats américains, qui se croyaient engagés pour une guerre sans risque et de courte durée, vivent cette situation terrés dans leurs bunkers, et comptant leurs morts. Et à vrai dire, les statistiques sur les pertes américaines sont de plus en plus rares, les rares décomptes sont approximatifs, mais les chiffres ainsi fournis sont très près de la réalité. L'état-major américain devra les revoir à la hausse. En effet, au moins sept soldats américains ont été tués et plusieurs blessés par l'explosion d'une voiture piégée hier près de la ville de Falloujah qui refuse décidément de hisser le drapeau blanc à la suite des raids massifs de l'armée américaine. Cette information a été donnée de source militaire américaine. Trois gardes irakiens y ont été également tués. Des témoins ont indiqué que l'attaque s'était déroulée dans le village de Saqlawiya, dans les faubourgs nord de Falloujah (50 km à l'ouest de Baghdad), et avait fait au moins 6 morts et 8 blessés parmi des marines qui circulaient dans un convoi de véhicules. Un responsable militaire américain s'exprimant sous couvert de l'anonymat a ensuite confirmé ce bilan et a indiqué qu'il pourrait être encore plus lourd. Selon différents témoignages, « deux humvees en feu, puis un hélicoptère s'est posé pour prendre les victimes et les soldats ont bloqué la route ». Alors que se poursuivent coups de main et attentats, l'autorité irakienne ne trouvait pas les mots hier pour dire sa peine, elle qui croyait pouvoir annoncer l'arrestation par ses propres troupes un dignitaire de l'ancien régime irakien. A cet égard, le ministère de la Santé irakien a affirmé hier ne pas « être au courant » d'une analyse d'ADN pour déterminer l'identité d'un suspect qui pourrait être Ezzat Ibrahim, l'ancien bras droit de Saddam Hussein. Le bureau du Premier ministre irakien Iyad Allaoui avait indiqué dimanche soir qu'un homme pouvant être Ezzat Ibrahim avait été arrêté au nord de Baghdad et qu'une analyse de son ADN était en cours pour déterminer son identité. Plus que cela, un responsable de ce ministère a indiqué qu'aucun mort n'avait été recensé pour les journées de samedi et dimanche dans la province de Salaheddine, où se trouvent Tikrit et Ad Daour, villes dans lesquelles aurait été arrêté Ezzat Ibrahim. Par ailleurs, à Ad Daour, les médecins du dispensaire ont affirmé n'avoir pas l'équipement nécessaire pour pratiquer de transfusion sanguine sur Ezzat Ibrahim, alors que les Gardes nationaux en faction devant l'établissement n'ont jamais entendu parler de combats. « Il n'y a eu aucune opération pour arrêter Ezzat al Douri dans ma province et je ne sais pas d'où est venue cette information totalement fausse et irresponsable », a pour sa part affirmé le gouverneur de Salaheddine, Hamad Hmoud Al Qaïssi. Même le colonel Abdallah Joubouri, chef de la Garde nationale à Tikrit, ancien fief de Saddam Hussein, qui avait raconté dimanche fièrement l'arrestation dans une clinique, est revenu hier sur ses propos. Dimanche, le colonel Joubouri avait annoncé avoir obtenu « des renseignements selon lesquels (Ezzat Ibrahim) allait venir se soigner dans la clinique. Nous avons encerclé le secteur et l'avons capturé à sa sortie de l'établissement », avait-il expliqué. « Au moment où nous mettions la main sur lui, des centaines de ses partisans sont venus le défendre et il y a eu des combats. Les militaires américains sur le terrain et des hélicoptères nous ont prêté main-forte. Il est aujourd'hui gardé par nous et la Force multinationale », avait-il ajouté. Trop de précisions pour une information qui s'est avérée infondée. Mais dans quel but a-t-elle été avancée ? Il n'en fallait pas plus en tout cas pour discréditer encore plus une instance. Cette fois, ce sont ceux-là mêmes qui sont censés la servir qui en sont la cause.