Le président de l'Association des anciens du ministère de l'Armement et des Liaisons générales (MALG), Daho Ould Kablia, a réfuté, hier à Alger, qu'Abane Ramdane, un des responsables de la Révolution algérienne, ait tenté de négocier avec les autorités coloniales françaises à l'insu des instances de la Révolution. Lors d'une conférence sur les accords d'Evian, animée au siège du ministère des Affaires étrangères, Daho Ould Kablia a indiqué que “le défunt Abane Ramdane n'a jamais cherché un quelconque arrangement avec le gouvernement français à l'insu des instances de la Révolution tel qu'il l'a été suggéré par le colonel Ali Kafi, dans ses mémoires et tout récemment par le colonel Ammar Benaouda”. M. Ould Kablia, également ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, a rappelé, à ce sujet, qu'Abane Ramdane a rencontré, pour la première fois, deux émissaires de Pierre Mendès France, dont l'avocat, René Stibbe, à qui, a-t-il précisé, il avait expliqué que le FLN ne pouvait négocier avec le gouvernement français qu'à travers une délégation officielle française et une délégation algérienne dans laquelle devraient figurer des responsables de l'intérieur et de l'extérieur. M. Ould Kablia a également affirmé que le défunt Abane Ramdane, qui était l'artisan du contenu politique de la Charte de la Soummam (20 Août 1956), avait mis des préalables pour toute négociation avec le gouvernement français, à savoir la reconnaissance du FLN en tant qu'unique représentant du peuple algérien et le droit des Algériens à l'autodétermination et l'Indépendance. Le conférencier a également affirmé que la signature des accords d'Evian constituait “une issue honorable” pour plus de sept ans de guerre de Libération nationale, ayant permis de consacrer les principes énoncés dans la déclaration du 1er Novembre 1954. S'appuyant sur des documents inédits, l'ancien secrétaire général de la direction de documentation et de recherche (DDR) du ministère de l'Armement et des Liaisons générales a mis en avant le rôle de la cellule technique du MALG, installée en Tunisie, pour renforcer la position de la délégation algérienne lors de ces négociations. Il a fait, dans ce cadre, la lecture d'une note qu'il avait lui-même préparée pour le chef de la délégation algérienne, le défunt Krim Belkacem, à l'occasion d'une conférence de presse organisée spécialement pour répondre à l'annonce faite par le gouvernement français pour une trêve militaire unilatérale. Il a également cité, à ce sujet, l'apport du MALG à travers les informations recueillies auprès de sources à l'intérieur même des institutions françaises, à l'instar des informations transmises par Salah Bouakouir qui était responsable au gouvernorat d'Alger. M. Ould Kablia a affirmé, en outre, que les négociateurs français étaient “particulièrement” surpris par la teneur des propositions algériennes sur la question du pétrole, des propositions élaborées, a-t-il précisé, grâce au concours de deux assistants d'Enrico Mattei, président directeur général de l'Entreprise italienne des hydrocarbures (Eni). Interrogé sur l'attitude d'hostilité à l'indépendance de l'Algérie affichée par Israël et son soutien aux terroristes de l'Organisation de l'armée secrète (OAS), M. Ould Kablia a cité, à ce propos, le cas de deux officiers israéliens faits prisonniers par une katiba de l'Armée de libération nationale (ALN), dans la région de Laghouat. Il a raconté, à ce sujet, que l'ONU avait contacté le FLN pour des négociations sur le sort de ces deux officiers, une négociation que la France avait catégoriquement refusée, a-t-il indiqué, allant jusqu'à multiplier les opérations de recherche et de bombardement dans les maquis de la région qui se sont soldées par la mort des deux officiers en question, lors d'un bombardement à Béni Smir, au moment où des éléments de l'ALN tentaient de les introduire au Maroc. S. T.