La réunion des ministres des affaires étrangères de l'Union européenne tenue à Naples, hier et avant-hier, et consacrée au projet de constitution européenne, a confirmé les craintes des “petits” pays qui s'estiment lésés par rapport aux “grands”. C'est le ministre hollandais des affaires étrangères qui a attisé la tension à Naples en réitérant son opposition à la faveur accordée, la semaine dernière, à l'Allemagne et à la France, non sanctionnées pour n'avoir pas respecté le pacte de stabilité qui lie les économistes européens. Anna Palacio, son homologue espagnole, a abondé dans le même sens en reprochant aux Italiens de présenter un texte sans propositions susceptibles de calmer la tension, notamment en ce qui concerne le système de vote au sein du conseil des ministres. Ainsi, l'entame de la réunion des vingt-cinq ministres des affaires étrangères a été mal amorcée, confirmant le climat tendu prévalant actuellement entre les pays membres de l'Union européenne. Cette tension a commencé par prendre forme lors de la réunion de Bruxelles devant aboutir à des sanctions contre Paris et Berlin pour n'avoir pas respecté le pacte de stabilité. Ces deux pays n'arrivent pas à résorber leurs déficits budgétaires non conformes aux recommandations de la commission économique de l'Union européenne. La suspension de la procédure a donné naissance à quelques réticences parmi les pays membres considérés comme “petits”. Ils ont estimé qu'il s'agissait d'un favoritisme criant en direction de pays influents. Partant de là, la situation s'est compliquée davantage avec la réunion sur le projet de constitution. Ce texte a été rejeté par une bonne partie des membres qui y ont décelé des faveurs pour les “grands”. Cela a conduit l'Italie, pays hôte de la réunion, à présenter un autre projet de texte dépourvu de tous les points de contentieux. Rome souhaite préparer le terrain au Conseil européen prévu les 12 et 13 décembre prochain à Bruxelles, qui doit plancher sur la question du projet de constitution européenne. La proposition italienne était loin de répondre aux attentes des “petits” pays, qui veulent une révision générale du texte. Ces derniers estiment que trop de faveurs sont concédées aux grands pays. Leurs craintes ont été renforcées par la suspension de la procédure de sanctions à l'encontre de l'Allemagne et de la France. Les choses commencent à se corser pour cette organisation continentale qui semblait réglée comme une horloge et qui ambitionne de soutenir la comparaison avec les Etats-Unis d'Amérique. D'ailleurs, la commission européenne qui a fait part de ses inquiétudes devant l'absence ou le peu de progrès constaté dans l'élaboration d'une constitution, a exhorté les chefs de la diplomatie de faire preuve d'“esprit européen” pour dépasser leur divergences. Cette remise en question par certains membres pourrait avoir des répercussions négatives sur l'avenir de cet ensemble continental, qui a déjà montré des signes de faiblesse, voire d'affolement à l'occasion de la guerre contre l'Irak, qui a divisé l'Union européenne. Les séquelles sont encore là. L'organisation n'arrive toujours pas à s'entendre sur une position commune sur ce qui se passe en Irak. Le projet d'une constitution européenne semble diviser davantage l'UE, en nette perte de vitesse. K. A. Pour remonter le moral des troupes américaines en Irak Après Bush, Hillary Clinton à Bagdad La sénatrice américaine Hillary Clinton est arrivée vendredi à Bagdad dans la foulée du président George W. Bush, pour soutenir le moral des forces américaines toujours sous le feu de la guérilla. L'ancienne première dame des Etats-Unis et sénatrice de New York venait d'Afghanistan où elle a passé la fête de Thanksgiving avec les troupes américaines, tandis que M. Bush a partagé la dinde jeudi soir sur l'aéroport de Bagdad avec la première division blindée. Mme Clinton, qui devait passer une seule journée en Irak, a rencontré le chef de l'administration civile américaine Paul Bremer, quitté le quartier général fortifié de la coalition pour visiter des troupes, déjeuné avec des soldats originaires de son Etat et rencontré des responsables irakiens. La sénatrice, accompagnée du sénateur de Rhode Island Jack Reed, a averti que la coalition faisait toujours face à un “grand défi” et exhorté l'Administration Bush à modifier sa stratégie de reconstruction pour permettre à l'Onu de jouer un plus grand rôle dans l'Irak d'après-guerre. Les deux sénateurs se sont cependant félicités de la visite de deux heures et demie de M. Bush à Bagdad, la première jamais effectuée par un président américain en Irak, qui avait été entourée du plus grand secret.