La wilaya de Tizi Ouzou vient d'être secouée par trois cas de suicide, tous des d'enfants. En effet, en 48 heures seulement, cette wilaya, touchée de plein fouet par ce phénomène, a enregistré trois suicides, des écoliers âgés de 11 et 12 ans. Le premier cas a été signalé lundi passé au village Adrar Ath Qodéa où un enfant de 11 ans, D. Mohamed, a été retrouvé par des villageois pendu à un arbre, tôt dans la matinée, non loin de son domicile familial. 24h plus tard, mardi passé, deux cas similaires ont été enregistrés respectivement dans la commune d'Irdjen et de Tizi Rached. Les deux suicides ont eu lieu à une heure similaire, soit vers 16h30, témoigne un habitant. La première découverte a été enregistrée au village Ibahlal dans la commune d'Irdjen, dans la daïra de Larbâa Nath Irathen où le corps sans vie de Mohand Akli. H, un adolescent de 11 ans, a été retrouvé pendu dans son domicile familial. Selon le témoignage des habitants “la victime s'est pendue à l'aide d'une ceinture de karaté”. La deuxième victime, Zidane N., âgé de 12 ans, a été découverte dans l'enceinte d'une ancienne huilerie, sise au village Ikherivan dans la commune de Tizi Rached. Selon des témoignages recueillis auprès des habitants, l'enfant était en train de jouer une partie de football avec ses camarades, avant que celui-ci ne décide de s'isoler pour mettre fin à ses jours. Il avait mis fin à ses jours par pendaison. Dans les trois cas, les victimes sont des garçons qui se sont donné la mort suivant le même procédé. Dans les villages, c'est la consternation totale chez les habitants choqués par cette triste nouvelle qui a jeté dans l'émoi toute une population qui n'arrive plus à comprendre les raisons de tels actes fatidiques et à chaque fois, une question revient : “Quelles sont les causes d'un tel acte chez des enfants, alors que dans la plupart des cas, ce sont des enfants brillants et normaux ?” Durant l'année 2011, la wilaya de Tizi Ouzou avait, pour rappel, enregistré 41 cas de suicide majoritairement des jeunes dont 20 sont âgés de 20 à 30 ans, et 11 âgés de 30 à 40 ans et 10 âgés de plus de 42 ans. Sur les 41 suicides, 33 sont des hommes et 8 sont des femmes. La majorité de ces suicides a été enregistrée dans le milieu rural. En tête de liste, la commune de Tizi- Ouzou, classée au premier plan avec six cas. Le recours à cet acte fatidique s'est réalisé souvent par pendaison. Dans 39 des cas, les victimes sont retrouvées pendues à un arbre, dans leur chambre où non loin du domicile familial. Deux victimes seulement sont passées à l'acte en se jetant d'une hauteur, l'une s'est jetée d'un grand rocher dans la ville de Tigzirt, alors que la seconde a mis fin à sa vie en se jetant d'un pont dans la ville de Tizi Ouzou. Durant les années précédentes, 64 cas de suicide ont été enregistrés pendant l'année 2010 à Tizi Ouzou et 54 cas en 2009. C'est trois nouveaux cas enregistrés en Kabylie viennent allonger une liste déjà très longue, alors que beaucoup de spécialistes plaident pour la création d'un observatoire national d'études en charge de ce phénomène, de manière à créer une banque de données nationale visant à facilité l'étude concrète du sujet et avoir une idée globale sur la progression du phénomène en Algérie. Le suicide demeure encore tabou, puisque dans plusieurs situations, des suicides sont maquillés d'une mort naturelle afin d'échapper aux “réquisitoires” de la société. C'est dire qu'il est temps de lancer une vraie campagne de prévention et une étude approfondie de la situation. K T