Le patron de Nissan Algérie, et néanmoins membre de l'Association des concessionnaires automobiles (AC2A), aborde, dans cet entretien, tous les aspects de la 15e édition du SIAA-2012, mais aussi de la politique commerciale de Nissan, des délais de livraison et du phénomène des revendeurs. Après 20 ans de représentativité de la prestigieuse maison nipponne en Algérie, il estime que la confiance et la responsabilité doivent régner à tous les niveaux pour assainir le secteur de l'automobile. Liberté : Le Salon de l'automobile d'Alger dans sa 15e édition a drainé beaucoup de monde. Comment qualifiez-vous cet événement en qualité de P-DG de Nissan Algérie et membre de l'Association algérienne des concessionnaires automobiles (AC2A) ? Sofiane Hasnaoui : Effectivement, ce salon a drainé beaucoup de monde. Le qualificatif ? Il y en a plusieurs à mon avis. Il y a d'abord l'engouement, ensuite le plaisir de voir et réunir toutes ces familles nombreuses à se déplacer pour découvrir, rêver ou acquérir un produit nouveau. C'est vrai que cette année, il y a eu un phénomène difficile à analyser, c'est l'affluence qui a battu tous les records. Cela a provoqué un effet de masse et qui a, parfois, semé l'anarchie. Cela étant, il faut retenir que lors de cet événement, et chaque jour, nous recevons des familles, nous discutons avec nos clients et nous découvrons réellement le client Nissan. Il faut retenir aussi qu'un salon de l'automobile est un espace de loisirs, de voyage et d'évasion avec les nouveautés exposées par les concessionnaires. Il y a eu des concepts car de la voiture hybride, le véhicule électrique et autres surprises. Donc c'est vraiment un effort important et un investissement lourd qui ont été consentis, que ce soit de la part de l'AC2A ou de la Safex, pour en faire un événement familial. Comme chaque année, nous avons donné une orientation au SIAA-2012 sur la sécurité routière et que nous considérons comme une valeur historique à travers nos stands où enfants et parents sont sensibilisés. Quand vous avez 500 000 visiteurs et des milliers de familles et d'enfants à qui vous devez expliquer les notions de sécurité à travers le véhicule, comme l'importance de la ceinture de sécurité et autres équipements, c'est extraordinaire. Au niveau de Nissan, une entreprise citoyenne par excellence, nous considérons que cet aspect est prépondérant. Cette année, vous avez mis le cap sur la professionnalisation du SIAA. Avez-vous atteint cet objectif, d'autant que la notion “foire” prime souvent dans les esprits ? Vous avez raison puisque depuis plusieurs années nous nous battons avec la Safex pour faire du salon de l'automobile un événement important. En partie, nous avons atteint nos objectifs, mais il ne faut pas se reposer puisqu'il pourrait y avoir une tendance à la baisse sur le plan qualitatif. Aujourd'hui, si on compare ce salon à celui de nos voisins, celui d'Alger est devenu une référence régionale. Cet objectif est le fruit de tous les partenaires du salon, qui ont lourdement investi sur cet événement et toujours voulu dépasser l'acte commercial et faire de ce salon une véritable vitrine d'un savoir-faire et de l'image de chaque marque et de chaque modèle. Il faudra être plutôt vigilant, car certains exposants à ce salon ne sont pas membres de l'AC2A et l'anarchie que vous avez évoquée au départ est le fruit de ces exposants. En tout cas, à la fin de cette édition, nous allons tenir une réunion avec la Safex et faire un bilan sur tous ces aspects. Cela va sans dire qu'il ne faudra pas résumer ce salon à un acte commercial, même si cet aspect revêt son importance comme dans tous les salons de l'automobile du monde, que ce soit à Genève, Francfort ou Paris. Mais il faut dire qu'un salon est avant tout l'évasion, la découverte et la rencontre avec les familles et les clients. Quel bilan faites-vous, à Nissan Algérie du salon, qui sera clôturé dimanche ? D'abord quels sont nos objectifs, puisque chaque année nous participons avec énormément d'efforts et d'investissements. Notre objectif est de rencontrer le public et nos clients. C'est important parce que nous recevons toutes les doléances, les remarques et les critiques que nous considérons énormément, car ils nous font confiance. C'est aussi une opportunité pour écouter et être plus proche que jamais de nos clients. Quand vous avez 500 000 visiteurs, c'est aussi une opportunité d'écouter la réaction des clients pour préparer l'avenir. L'année dernière, c'était la nouvelle Micra, et cette année c'est la nouvelle Sunny. Il faut savoir que nous sommes les seuls à proposer à ce niveau-là des équipements de sécurité à moindre prix, avec quatre airbags, une BVA, l'ABS et l'EBD. Après le succès de la Micra, nous assistons à un engouement extraordinaire sur la Sunny, ce qui présage une année 2012 de bon augure. Avec d'autres modèles exposés, comme notre SUV, cela positionne encore mieux Nissan en Algérie comme une marque de référence. Comme vous savez, Nissan fêtera ses 20 ans d'existence l'année prochaine en Algérie, et ce, en qualité de marque fondatrice du marché moderne, de responsabilité et de professionnalisme. Et si on aborde le service après-vente (SAV) et le réseau de distribution chez Nissan Algérie ? Il y a trois facteurs importants qui jouent un rôle vital dans l'automobile : un bon et beau produit, le réseau et le service après-vente. Nous avons la chance exceptionnelle d'avoir Nissan comme partenaire. Ensuite, nous avons des femmes et des hommes, c'est-à-dire des ressources humaines sur qui compter et qui veillent au grain pour apporter cette valeur ajoutée. à Nissan Algérie, il y a 300 collaborateurs qui participent au quotidien à cette dynamique. Ensuite, il vous faut la capacité d'être présent partout et d'assurer cette proximité. Et là, il y plus de 1000 collaborateurs qui activent sur le terrain avec un esprit hautement responsable et professionnel. à cela s'ajoutent nos 40 agents agréés et nos 5 succursales. Pas seulement, puisqu'il y a nécessité de formation optimale, suivi qualité, l'approvisionnement en pièces de rechange et traiter le client avec un esprit qualitatif. M. Hasnaoui, voici une question qui revient chez les clients honnêtes : celle liée à la disponibilité et aux délais de livraison. Durant ce salon, on a fait signer des délais de livraison de 8 à 12 mois ! Comment voyez-vous ce phénomène et est-ce que Nissan Algérie a déjà vécu ce genre de problèmes ? Effectivement, j'ai entendu parler des délais de 8 mois ou de 12 mois. Vraiment, je ne comprends pas. Nous sommes partenaires avec Nissan depuis 20 ans, et récemment le Japon a vécu des événements terribles, mais nous n'avons jamais eu des cas de figure chez nous de ce genre. Même avec les inondations en Thaïlande où Nissan possède une base industrielle, nous n'avons pas eu de problèmes avec nos clients. En tout cas, chez Nissan, nous respectons le délai de livraison de 45 jours. Et quand il y a un engouement spécial sur un produit, nous pouvons aller jusqu'à 60 et 70 jours, mais pas plus. Parce que nous avons la responsabilité commerciale. à titre d'exemple, la nouvelle Sunny, pour laquelle nous n'avons pas prévu un tel succès, nous pose ce préalable d'ajourner les livraisons, mais pas au-delà des délais arrêtés, mais non plus 6, 8 ou encore 12 mois ! Il faut respecter ses engagements et sa philosophie, car le délai de la livraison est un élément stratégique. Il faut être cohérent avec son client. D'ailleurs, Nissan est l'un des rares concessionnaires, historiquement parlant, à avoir respecté ses clients en la matière. Parallèlement à ce litige, nous avons observé, durant ce salon, un autre phénomène, celui des revendeurs munis de chèques et d'argent en espèces pour effectuer des commandes au-delà des attentes. Comment qualifiez-vous cet aspect en qualité de patron de Nissan Algérie et membre de l'AC2A ? Je suis farouchement opposé à ce phénomène. Je l'ai dénoncé en qualité de concessionnaire comme en qualité de membre de l'AC2A. Comme je le dénonce à l'occasion de ce salon. Mais cela reste un phénomène artificiel qui perturbe et bouleverse, certes, les règles naturelles du commerce, mais appelé à disparaître. Cela va sans dire que ce réseau de revendeurs aura un impact direct et négatif sur notre réseau de distribution. Mais que nos clients sachent une chose : Nissan Algérie ne travaille jamais avec des revendeurs ! D'où ma position très franche et responsable. Aussi, il ne faut pas responsabiliser les concessionnaires, c'est faux. C'est un problème récurrent dans le commerce en Algérie. Ce phénomène a touché d'autres secteurs bien avant l'automobile. Demain, ce sera un autre secteur qui subira cette démarche informelle que seuls les régulateurs du commerce combattront. Là où il y a demande, il y a de l'argent, surtout de l'argent facile à travers la provocation de la pénurie et la flambée des prix pour gagner 40 000 ou 50 000 DA par véhicule. Mais les autorités concernées ont laissé certains gonfler leurs chiffres, avec des stocks limités pour émerger, à moins qu'ils aient une vision à court terme. Ce n'est pas ça le business ! Ce phénomène des revendeurs existe et démontre la force de courants commerciaux informels qui exercent dans l'économie. Nous aussi, nous sommes responsables et croyez-moi que chez Nissan Algérie nous combattons ce phénomène. F. B.