À chaque fin de saison son lot de dérives. Mais plus que les dérives sportives qui condamnent certaines formations à refaire leur apprentissage à l'étage du dessous, ce sont surtout les dérives comportementales de ces incorrigibles pseudo-supporters qui obscurcissent le plus un panorama footballistique déjà pas assez luisant. Une grande débandade a gâché la fin de match entre le CSC et l'USMA avant-hier après-midi, pour le compte du choc de la 23e journée où l'on déplorait encore une fois des blessés par dizaines et des scènes d'émeute qui n'honorent aucunement les habitants d'une ville ancestrale comme l'antique Cirta. À Oran, à l'issue du match nul entre le Mouloudia local et l'USM Alger, le huis clos n'avait, ainsi, pas dissuadé une centaine de supporters d'aller troubler l'ordre public aux alentours du stade Ahmed-Zabana et de défier les éléments de la Sûreté nationale, causant au passage “d'habituels” dégâts matériels aux véhicules de passants dont le seul tort était de n'avoir pas été mis au courant du cadre spatio-temporel du déroulement de ce genre de rencontres classées à “hauts risques”. Dans le même temps, la bataille faisait rage dans les travées du stade Hemdani, au Khroub, entre supporters de l'ASK et les visiteurs du Chabab de Constantine. Une vingtaine de blessés, des véhicules endommagés par dizaines et une poignée de jeunes déférés le lendemain devant le parquet complétaient le tableau noir de cet après-midi de violence dans la périphérie constantinoise. Pas très loin de là, à El-Eulma plus précisément, la défaite du MCEE dans son jardin de Messaoud-Zeggar face au grand frère sétifien de l'Entente a également entraîné son lot de scènes d'émeute. La trentaine d'arrestations dans les rangs des supporters eulmis, les agressions caractérisées contre leurs homologues de la 19e wilaya et le blocage de la délégation ententiste dans les vestiaires jusque tard dans la nuit n'ont, ensuite, fait que donner un cachet encore plus dramatique à ce derby qu'on annonçait haut en couleur. Mais cette ineffaçable violence dans les stades n'est malheureusement pas l'apanage de la seule élite puisque de graves incidents ont été signalés avant-hier au cours de la rencontre qui a mis aux prises l'équipe du Chabab de Beni Slimane à celle de l'Olympique d'El-Boukhari, dans le cadre de la 23e journée du championnat de la Régionale Une (Blida). Un envahissement de terrain par les supporters de Beni Slimane en toute fin de rencontre a, en effet, provoqué des blessures diverses à trois joueurs de l'équipe adverse dans une scène qualifiée d'effroyable par les responsables olympiens. Le retour de cette bête immonde dans nos stades n'en demeure pourtant pas “alarmant” aux yeux de ceux qui s'affairent à gérer les différentes compétitions nationales alors que ce fléau menace dangereusement et de plus en plus la pérennité du sport-roi algérien, tout autant qu'il met en péril l'intégrité physique des personnes et en danger leurs biens. L'absence d'aires de jeu et de divertissement dans les cités et quartiers populaires, ayant transformé nos stades en de grands défouloirs alors qu'ils sont censés faire office de théâtres à ciel ouvert, ne doit en aucun cas être à chaque fois montrée du doigt comme cause principale de ces dérives. Le manque de civisme, l'explosion de la violence urbaine sous toutes ses formes comme résultat immédiat d'une regrettable dégradation des mœurs, d'insurmontables difficultés socio-économiques, d'une pénalisante instabilité politique ainsi que d'une absence de prise en charge réelle de ces marées humaines sous l'égide de véritables comités de supporters à proprement dit demeurent, en ce sens, une dangereuse et menaçante manne nourricière qu'il faudra, tout d'abord et en urgence, combattre à la source, à même d'espérer, un jour, endiguer ce fléau à tentacules. Sinon, on continuera à condamner, à dénoncer et à regretter, au lieu d'agir. R. B.