Cette fois ça y est, le crédit immobilier est en train de décoller. Les chiffres communiqués dernièrement pour l'année 2011 ne laissent aucun doute. Tous les acteurs bancaires s'y mettent, même si la compétition reste largement dominée par le tandem CNEP banque - BDL. Voici quelques semaines, la Banque d'Algérie avait déja signalé une croissance accélérée des crédits immobiliers aux ménages en 2011.Une augmentation estimée à près de 19 % pour l'année dernière et qui, en contexte de suspension du crédit à la consommation, porte la part du crédit immobilier à environ 70 % du total des crédits accordés aux ménages par les banques algériennes. Les informations communiquées ces derniers jours par les banques, notamment la CNEP et la BDL, renforcent la tendance et semblent montrer que les résultats sont enfin au rendez-vous. Il faut dire que depuis quelques années les pouvoirs publics ont mis le paquet pour y parvenir et que le crédit immobilier est devenu un de leurs enfants chéris. C'est dans le but de stimuler son développement que la LFC 2009 a créé un dispositif de bonification des taux d'intérêt extrêmement avantageux pour les emprunteurs. Ce dispositif, dont est exclue la seule autoconstruction se traduit dans la plupart des cas par un taux d'intérêt effectif qui ne dépasse pas 1% . Après avoir connu quelques retards, la mise en place de ces mesures est effective dans la plupart des banques publiques depuis le début de l'été 2010. Les banques privées ont été un peu plus longues à l'adopter. L'insistance du régulateur a conduit la plupart d'entre elles à proposer ce produit à partir du mois d'octobre 2010. La CNEP toujours en tête des bilans Les bilans disponibles traduisent un engouement incontestable. Le palmarès reste dominé par la CNEP. En 2010, la «banque de l'habitat» annonçait déja un peu plus de 17 000 dossiers traités et 24 milliards de dinars de crédits, en revendiquant près de 55% de part du marché. Les performances enregistrées en 2011, dont les résultats sont encore tout chauds, traduisent une amélioration spectaculaire de ce bilan. Le nombre de crédits accordés l'année dernière est en hausse de près de 25% et dépasse les 21 000 dossiers traités, tandis que le montant des crédits accordés explose, littéralement, et représente désormais plus de 36 milliards de dinars, en hausse de 50% par rapport à 2010. Plus de la moitié des crédits accordés par la CNEP en 2011 sont des crédits bonifiés. Ils portent sur environ 12 000 dossiers traités pour un montant un peu supérieur à 17 milliards de dinars. La banque, dirigée par M. Djamel Bessa, s'est également efforcée l'année dernière de gérer l'afflux des demandes de crédits bonifiés, qui ont doublé en un an, en réduisant fortement les délais de traitement qui varieraient aujourd'hui, selon la CNEP, entre 2 et 4 jours ouvrables. La BDL à fond dans le crédit bonifié La CNEP a surtout été concurrencée au cours des dernières années par la plus petite des banques publiques algériennes, la BDL, qui a fait de ce créneau l'un des moteurs de sa croissance. Une stratégie confirmée et renforcée en 2011. La BDL a accordé l'année dernière plus de 6 600 crédits immobiliers aux ménages pour un montant total de 7,6 milliards de DA, en hausse de 54% par rapport à 2010. L'importance de l'augmentation observée dans ce type de crédits en 2011 s'explique, selon le directeur des crédits aux particuliers de la banque, M. Nouredine Neddir, par “la mise en place du crédit immobilier à taux bonifié, qui a dopé le marché des demandes de crédits logements” ; sur les 7,6 milliards de DA de crédits immobiliers accordés par la BDL en 2011, plus de 60%, soit 4,8 milliards de DA sont des crédits à taux bonifiés. En 2010, la BDL avait accordé un peu plus de 5 000 crédits à l'immobilier, d'une valeur totale de près de 5 milliards de DA, contre 5 400 crédits en 2009 pour un montant de 5,6 milliards de DA. “Les clients ont préféré attendre la promulgation des textes d'application des nouvelles dispositions relatives aux crédits immobiliers à taux bonifiés pour faire leur demande, ce qui explique le léger recul enregistré en 2010”, commente M. Neddir. Une diversification des acteurs bancaires encore limitée Les autres banques commerciales publiques et privées avaient manifesté, jusqu'à une période récente, plus de réticences vis-à-vis d'un produit dont le développement reste, selon un banquier privé, contrarié principalement par “l'insuffisance de l'offre de biens ainsi qu'une spéculation importante qui fait que le prix des biens disponibles dépasse souvent de beaucoup la capacité d'endettement des clients des banques.” Pressées par l'Etat actionnaire de développer le crédit immobilier, toutes les banques publiques ont néanmoins défini, au cours des dernières années, des programmes ambitieux dans ce domaine, à l'image, par exemple, de la BEA qui se fixe un objectif global très ambitieux de 26 milliards de dinars de crédits accordés entre 2010 et 2012. Les banques privées sont nettement en retrait même si les plus importantes d'entre elles semblent, dans la période la plus récente, s'inscrire résolument dans le nouveau dispositif mis en place par les pouvoirs publics. Société générale Algérie annonçait, voici quelques mois, un peu moins d'un millier de crédits immobiliers accordés depuis le lancement de ce produit. H. H.