La thèse que Merah était-il un indic des renseignements français suit son chemin. Le Caire, Istanbul, Damas, Beyrouth, Amman, Tel-Aviv, Kaboul, Islamabad, la liste des pays par lesquels est passé Mohamed Merah en 2010 et 2011 est longue. Une chose est certaine, ses multiples destinations ne sont pas à la portée d'un jeune homme des banlieues, dont le père algérien et modeste a regagné Médéa sa ville voilà longtemps laissant son épouse de nationalité française et leur cinq enfants dans un quartier d'exclusion à Toulouse. Le journal italien Il Foglio affirmait que le Français des banlieues voyageait en réalité sous le couvert des services de renseignements français ! Selon le quotidien, la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) aurait utilisé le jeune Toulousain de 23 ans comme informateur. Merah n'était “ni un indic de la DCRI ni d'autres services français ou étrangers”, a démenti le chef de la Direction centrale du renseignement intérieur, Bernard Squarcini. Sans trop convaincre au nom de l'implacable théorème : pas de fumée sans feu, encore plus lorsqu'il s'agit de barbouzades et barbouzeries. Et pour enfoncer le clou, contacté par FTVI, le correspondant de France 2 en Israël, confirme que Merah est bien entré sur le territoire israélien en septembre 2010 par le pont Allenby, un point de contrôle à la frontière avec la Jordanie dans la vallée du Jourdain. “Interrogé par les services de sécurité israéliens, il s'est présenté comme un touriste”, indique Charles Enderlin, un journaliste au long parcours dans une région explosive, qui n'a pas pour habitude de raconter des fadaises. Comment Mohamed n'a pas suscité de questions dans un pays qui a la phobie de la sécurité et qui sait tout le bien que pensent les jeunes des banlieues françaises de sa politique contre les Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie ? On ne rentre pas en Israël comme dans un moulin, surtout pas de ses postes frontaliers même si chez les renseignements français on ironise : quelle info un espion comme Merah peut-il collecter en Israël ? Sur les missiles ? La bombe ? L'Autorité palestinienne ? Sérieusement, tout le monde le sait, la DGSE, comme ses pairs du renseignement, utilisent des taupes style Merah pour pénétrer des filières de réseaux terroristes, mafieuses, de grand banditisme. L'hypothèse d'un Merah bossant pour les services est d'autant plus crédible que celui-ci a toujours voulu travailler pour la France, a souligné un spécialiste français très au fait des relations entre indics et forces de l'ordre, sur FTVi, rappelant sa volonté de s'engager dans l'armée puis dans la légion étrangère. Un fait corroboré par Yves Bonnet, ex-patron de la Direction de la surveillance du territoire (DST), dans La Dépêche du Midi, journal régional à grand tirage. “Ce qui interpelle, quand même, c'est qu'il était connu de la DCRI non pas spécialement parce qu'il était islamiste, mais parce qu'il avait un correspondant au renseignement intérieur”, soulignant qu'avoir un correspondant, ce n'est pas tout à fait innocent. Yves Bonnet sait de quoi il parle. Squarcini avait essayé de prévenir l'émergence de la piste d'informateur en annonçant que Merah avait été entendu en novembre 2011 par un agent de la DCRI de Toulouse pour recueillir des explications sur son voyage en Afghanistan, mal lui en a pris puisqu'aujourd'hui, Nicolas Sarkozy, establishment et presse française s'entremêlent les pinceaux sur l'affaire. D. B