Ne supportant plus les effets d'annonce, des titres de presse marocains sont allés jusqu'à exprimer un étrange scepticisme face au rapprochement algéro-marocain que certains ont du mal, décidément, à accepter. Lors d'un point de presse tenu jeudi à Rabat, à l'issue du Conseil du gouvernement, le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement marocain, Mustapha El-Khalfi, est revenu sur sa récente visite de trois jours à Alger, à l'invitation de son homologue algérien, Nacer Mehal. “Ce déplacement est venu jeter un nouveau jalon dans le processus de rapprochement entre le Maroc et l'Algérie”, a-t-il estimé, enthousiaste. Il a également indiqué que l'échange de visites entre les responsables marocains et algériens allait se poursuivre par la visite de Rachid Harraoubia, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, appelé à effectuer dans les prochains jours une visite de travail au Maroc, laquelle sera suivie de deux visites similaires en Algérie du ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de la Formation des cadres, Lahcen Daoudi, et du ministre de l'Education nationale, Mohamed El-Ouafa. Il est à signaler que, la veille, le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement marocain avait démenti les propos qui lui avaient été attribués par le quotidien Assabah dans son édition de mercredi sous le titre : “El-Khalfi : examen des dossiers de la drogue et de la contrebande avant l'ouverture des frontières”. Dans un appel téléphonique à la MAP, le ministre marocain, qui a longtemps exercé le métier de journaliste au sein notamment de l'organe central du PJD Ettajdid, a tenu à qualifier d'“allégations sans fondement” les propos qui lui ont été prêtés dans le titre de l'article en question, précisant n'avoir jamais exprimé une telle position. Lors de sa visite en Algérie, El-Khalfi avait déclaré que l'avenir économique et le développement de la région maghrébine étaient tributaires de l'unité de ses peuples, ajoutant que l'ouverture des frontières avec le Maroc était “une décision souveraine de l'Algérie”. Et pourtant, il y en a qui continuent à nier l'importance que peut revêtir une telle décision pour l'Algérie, ne supportant plus, semble-t-il, les effets d'annonce y afférents, titres de presse marocains sont allés jusqu'à exprimer un étrange scepticisme face au rapprochement algéro-marocain que certains ont du mal, décidément, à accepter. Il faut dire que cette question de “cessez-le feu médiatique” entre l'Algérie et le Maroc s'était posée dès les premiers contacts officiels, sachant, de part et d'autre, que la désinformation et la propagande ont fait rage durant plusieurs décennies. Les chefs de la diplomatie des deux pays, Medelci et Othmani, n'ont pas manqué de relever l'importance du rôle que peuvent jouer les médias en tant que levier du rapprochement entre l'Algérie et le Maroc. Aussi la nécessité de mettre le holà aux stigmatisations inutiles, voire vénéneuses a-t-elle vite été ressentie, ici et là, comme une urgence. Comment mettre fin, sans délai, aux diatribes et à la guerre des mots ? Comment sortir de l'embrigadement ? Telles sont les questions quasi-métaphysiques que devront se poser en priorité les journalistes des deux pays lors du forum, parrainé par les deux gouvernements, qui aura lieu en juin ou en juillet prochain. Une rencontre première du genre qui devrait contribuer à créer un premier espace de dialogue entre les deux sociétés civiles et prolonger, pourquoi pas, la lune de miel entre Alger et Rabat. Dans une déclaration à la MAP, El-Khalfi a révélé qu'il s'agit d'un forum autonome qui réunit journalistes et éditeurs deux fois par an, alternativement dans chacun des deux pays, pour débattre des questions qui préoccupent les acteurs dans ce domaine. Présent à Alger au cours de la visite du ministre marocain de la Communication, Noureddine Miftah, président de la Fédération marocaine des éditeurs de journaux (FMEJ) et directeur de l'hebdomadaire arabophone Al-Ayam, membre de la délégation officielle, a estimé qu'il avait bon espoir pour les journalistes des deux pays “de ne plus rester otages des politiques et de leurs points de vue sur des questions à caractère national”. D'après lui, les journalistes ne doivent pas servir de cautions morales aux “politiques”, qui, selon son point de vue, deviennent alors les véritables “fauteurs de troubles”. M-Cf L