Il continuera sa course folle et effrénée, poussé par le poids de la citerne pleine de carburant par entraînement jusqu'au bout du couloir de la mort qui ne dispose pas de bassin réceptacle. La cabine se froisse sous le choc, la citerne l'enfonce et le défunt conducteur est pris en étau. Sur la RN1 à l'entrée nord de la ville de Berrouaghia mercredi dernier, les freins d'un camion citerne n'ont pas tenus le coup et ont lâché. Le semi-remorque chargé des trente milles litres entame une course folle. Le jeune conducteur, à la fleur de l'âge à 23 ans et futur père d'un enfant, sa femme étant enceinte, guide tant bien que mal le camion pour le mener vers le couloir de secours sur le flanc droit de la route. Il use de son klaxon et des feux de détresse pour demander aux autres véhicules se trouvant sur son passage de le lui libérer. Au fur et à mesure qu'il avançait les problèmes se multipliaient. Les possibilités s'amenuisaient. Il emprunte l'accès du couloir de secours menant vers le bassin réceptacle et d'absorption du choc et de la vitesse. À ce moment, il se disait certainement qu'il est sauvé. Sauf qu'en ce couloir de secours, il n'y a pas de bassin d'absorption plein de sable ou de gravillons où les véhicules qui y pénètrent s'enlisent. Il continuera sa course folle et effrénée, poussé par le poids de la citerne pleine de carburant par entraînement jusqu'au bout du couloir de la mort qui ne dispose pas de bassin réceptacle. La cabine se froisse sous le choc, la citerne l'enfonce et le défunt conducteur est pris en étau. Sa poitrine est enfoncée par le volant sous le choc et par la cabine emboutie par la citerne de carburant. Le moment que nous avions vécu est plein de douleurs et d'émotions. Il est certain que la réalisation de ce couloir de secours a été décidée pour limiter les dégâts car la route étant à forte déclinaison, plus de 10% avait été la cause de plusieurs accidents mortels. Surtout des véhicules lourds qui dans la majorité des cas ne disposent plus de pression pour les freins ou “dont les conducteurs non avertis” changent de vitesse mollement et perdent le contrôle. La décision de réaliser le couloir est salvatrice. Les travaux qui sont réalisés ne sont pas à la hauteur de la décision. Il n'y a pas de bassin réceptacle absorbant. C'est une piste aussi dure et compactée que la route. C'est une fausse fosse. La responsabilité de ceux qui l'ont conçu et de ceux qui devaient contrôler les travaux est entière. Si cela avait été étudié et contenu sur les plans, la responsabilité de l'entrepreneur est aussi entière. Surtout lorsqu'il s'agit de vies d'hommes. Quant au responsable des travaux publics de la wilaya de Médéa aura-t-il sur le “dhamir” (conscience) le décompte du nombre de vies humaines happées par l'irresponsabilité de régler ce problème ? Est-ce que tous les couloirs de secours de la wilaya de Médéa sont aux normes sauf celui de Berrouaghia ? Sinon qui doit prendre les décisions pour que les vies humaines soient sauvées ? Le responsable de la société Naftal qui supervisait le transvasement du carburant de la citerne du camion accidenté vers une citerne de secours s'est emporté. Il accuse la DTP de Médéa et l'entreprise qui a réalisé le couloir de secours qui se trouve dans la descente prononcée de 10% de la RN1 à l'entrée nord de la ville de Berrouaghia d'être responsable devant Dieu et devant les citoyens. Le DTP actuel ou bien celui qui l'a précédé ou le subdivisionnaire des travaux publics de la daïra de Berrouaghia doivent répondre autant que l'entreprise qui a réalisé le bassin de secours de leur responsabilité devant d'abord leurs supérieurs si ces derniers ne se sentent plus dans l'obligation de les protéger. Il nous montrait la voie d'accès en disant : regardez la voie est comme goudronnée normalement elle devait absorber le camion qui doit s'enliser, en criant et en dénonçant les personnes qui sont normalement censées contrôler les travaux du bassin d'accueil des véhicules en détresse en cas de non-réponse des freins lors de la descente et surtout pour les camions de fort tonnage. Quant aux freins de ce camion qui a tué le jeune conducteur laissant derrière lui une veuve et un orphelin c'est le chef de parc ou le responsable du matériel de l'employeur qui doit aussi répondre. Certaines personnes qui nous ont approchés, des ex-collègues du défunt conducteur nous ont déclaré qu'il ne cessait d'attirer l'attention des responsables sur l'état des freins. Dont acte. J O K