Au moment où presque tous les clubs risquent de mettre la clé sous le paillasson avant même la fin de la saison, étouffés par les dépenses faramineuses que nécessite le passage obligatoire et précipité à un nouveau mode de fonctionnement pour notre football, le club de Soustara peut se targuer d'être le seul à remplir un bon nombre de critères qu'exige le cahier des charges du professionnalisme. Avec une solide assise financière, l'USMA est entrée en plain-pied dans le monde professionnel. C'est l'un des très rares parmi les autres pensionnaires des Ligues 1 et 2 où les joueurs ou staff technique sont payés régulièrement. Au vu aussi des gros investissements que le groupe Haddad a déjà mis en œuvre ou compte faire incessamment, sur le double plan infrastructurel et organisationnel, jamais ce club n'a été mieux structuré, même lors des saisons les plus glorieuses de son histoire. Sur ces aspects, le club usmiste est devenu en une année seulement une vitrine du football national et l'exemple à suivre. Aux yeux de beau nombre de spécialistes, c'est la meilleure locomotive qui peut conduire avec lui d'autres clubs sur la voie du professionnalisme. Mais il est à se demander si le modèle de la SSPA/USMA et l'association du club algérois avec le groupe Haddad est un bon exemple qui peut inspirer et attirer d'autres investisseurs privés à mener une aventure footballistique et à se lancer dans de pareil projet qui, financièrement, n'est pas du tout porteur. Sur le plan financier, ce modèle suscite déjà des inquiétudes. Les chiffres sont surprenants. Depuis sa prise en main du club de Soustara, la société par actions enregistre un déficit qui dépasserait, nous dit-on, 51 milliards de centimes. En Algérie, s'associer avec un club de football n'est pas du tout rentable pour tel ou tel industriel dont l'objectif principal et légitime est avant tout d'augmenté son capital. Car le marché manque des mécanismes nécessaires et surtout des garanties à même de susciter l'intérêt des potentiels investisseurs algériens ou étrangers. Ce n'est pas du tout une surprise si on ne se bouscule pas au portillon des sociétés sportives. D'ailleurs, pourquoi venir investir dans un club et domaine qui n'est pas rentable ? Les meilleurs de nos clubs et les plus titrés ne sont pas propriétaires de leur propre stade et ne peuvent même pas disposer des recettes de la billetterie. Les clubs se retrouvent sans aucun soutien financier. Le sponsoring a souvent présenté la solution de rechange. Toutefois, hormis quelques groupes économiques dont l'apport est loin d'être suffisant, rares sont les sponsors qui soutiennent les clubs. La situation s'est compliquée d'autant plus pour nos clubs, après le retrait de l'état qui, après avoir longtemps financé le football, décide aujourd'hui de couper les vivres et limiter son apport aux clubs privés. Au train où vont les choses, il est à se demander jusqu'à quand un groupe comme Haddad va tenir le coup, en continuant à dépendre exclusivement de son propre argent. M. B.