Après les neuf morts de samedi — sept Espagnols et deux Japonais — la journée de dimanche a été terrible à Samara avec plus d'une soixantaine de personnes tuées, ainsi que deux soldats américains, deux Coréens et un Colombien. Il devient de plus en plus difficile aux Américains de cacher ce qui se passe en Irak. À chaque fois que Washington annonce une accalmie dans la situation sécuritaire dans ce pays, les résistants irakiens à l'occupation se chargent de faire parler la poudre pour démentir les assertions américaines. La visite-éclair de George Bush, suivie de déclarations triomphalistes, notamment celle du général Ricardo Sanchez, le chef d'état-major de l'armée US en Irak, a galvanisé la résistance irakienne à voir le nombre de morts enregistré durant les dernières quarante-huit heures. En effet, le nombre de morts, neuf samedi et quinze dimanche si l'on tient compte des sept corps impossible à identifier, remis par l'armée américaine à la police irakienne dans la ville de Falloujah, est le démenti le plus cinglant adressé aux Etats-Unis. À Samara, le colonel Mac Donald des forces américaines a annoncé que cinquante-quatre assaillants ont été tués et soixante autres blessés, alors qu'ils tentaient d'attaquer les soldats US au cours de la journée de dimanche. C'est là assurément un des plus sanglants bilans depuis le début de la guerre en Irak. Côté américain, on ne fait état que de quelques blessés seulement ! Le constat à faire est que les auteurs des attaques et autres attentats diversifient désormais leurs objectifs en ciblant, outre les soldats américains, la présence militaire alliée. Pratiquement, tous les corps expéditionnaires stationnés en Irak ont été touchés par les actions de guérilla et ont perdu des vies humaines, comme ce fut le cas pour les Britanniques, les Polonais, les Italiens et les Espagnols. Même les pays qui ont formulé leurs intentions d'envoyer des troupes en Irak ont été ciblés à l'instar du Japon et de la Corée du Sud. Deux citoyens de ce dernier pays font partie des victimes tuées dimanche à Tikrit. Ce qui déroute les spécialistes de la question irakienne est cette capacité des résistants à l'occupation à agir dans différents lieux du territoire alors que l'armée américaine multiplie les opérations de ratissage et de recherche avec des moyens ultra-sophistiqués. Cet état de fait accrédite davantage la thèse du retrait stratégique que l'on attribue à Saddam Hussein et justifie la chute rapide de Bagdad. Il est difficile de croire que toutes les attaques contre les forces de la coalition et les intérêts américains en Irak soient le fait d'actions anodines et non coordonnées. Le fait que le président irakien déchu demeure toujours insaisissable et se manifeste épisodiquement par des enregistrements sonores diffusés par certaines chaînes de télévision arabes, dans lesquels il affirme être derrière la résistance, est une preuve irréfutable qu'il existe une véritable organisation qui dirige ces opérations. Cette résistance bénéficie sans aucun doute d'un soutien parmi la population malgré les primes fort alléchantes promises par le département d'Etat américain pour la capture des anciens dignitaires du régime de Saddam Hussein. Reste à savoir pourquoi Washington refuse de se rendre à l'évidence en continuant à relativiser l'insécurité régnant depuis des mois en Irak, alors que celle-ci va crescendo coûtant quotidiennement la vie aux soldats américains ou alliés en plus des victimes parmi les civils et les policiers irakiens. En tout état de cause le terrain dément, tous les jours que Dieu fait, les affirmations américaines. On retrouve là les habitudes de communication US, comme ce fut le cas au Viêt-nam ou en Somalie. K. A. Les Japonais contre l'envoi de troupes en Irak Moins de 10% des Japonais sont favorables à l'envoi rapide de soldats en Irak, selon un sondage publié hier par le quotidien Mainichi Shimbun, au lendemain du meurtre de deux diplomates nippons près de Tikrit, (nord de Bagdad). Ce sondage a été réalisé samedi et dimanche auprès de plus de mille personnes. Les deux diplomates ont été tués samedi. Selon l'enquête, 43% des Japonais sont opposés à tout envoi de soldats, indépendamment des questions de sécurité. 40% souhaitent que le déploiement soit repoussé jusqu'à ce que le calme revienne en Irak. Près de 80% des personnes interrogées sont persuadés que les Forces d'autodéfense (FAD, l'armée japonaise) seront la cible d'attaques sitôt déployées en Irak. Les grands quotidiens japonais étaient divisés, hier, au sujet de l'envoi, controversé depuis des mois, des FAD en Irak. Le Yomiuri Shimbun, pro-américain, et le Nihon Keizai (Nikkei), quotidien des milieux d'affaires, soutiennent la position du Premier ministre, Junichiro Koizumi, qui a affirmé dimanche ne pas vouloir “céder au terrorisme”. En revanche, l'Asahi Shimbun, à gauche, réitère son opposition au déploiement de l'armée japonaise en Irak et demande au gouvernement de revenir sur sa décision. Trois hommes suspectés d'appartenir à Al-Qaïda capturés Trois hommes suspectés d'appartenir au réseau Al-Qaïda d'Oussama Ben Laden ont été capturés par les forces américaines dans la ville septentrionale de Mossoul, a annoncé, hier, un porte-parole militaire américain. Les suspects ont été arrêtés il y a deux semaines et transférés à Bagdad, a affirmé le commandant Hugh Cate, appartenant à la 101e Division aéroportée. Interrogé si les suspects étaient des Irakiens ou des étrangers qui s'étaient infiltrés en Irak, il a répondu : “Je ne suis pas sûr de leur nationalité.” Les forces de la coalition ont également avancé que les attaques suicide étaient menées par des combattants étrangers alors que les Irakiens utilisaient plutôt des armes automatiques et des RPG. Le chef des forces de la coalition en Irak, le général Ricardo Sanchez, a reconnu, samedi, que la coalition n'avait pas, jusqu'à présent, la preuve formelle de l'implication d'Al-Qaïda.